Quels sont les acquis mais aussi les défis auxquels sont confrontées les Institutions privées de formation technique et professionnelle (IPFTP). La question était au centre d’une réunion annuelle qui s’est tenue hier, mardi 07 mars 2023, à Conakry. Organisée par la direction nationale de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle Privée, la rencontre a mobilisé plusieurs acteurs concernés. Il s’agit de cadres du ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’emploi, des Fondateurs et directeurs des IPFTP, des partenaires techniques et financiers, ainsi que des organisations socioprofessionnelles.
Cette réunion annuelle est organisée pour échanger avec l’ensemble des acteurs concernés sur les acquis et défis auxquels les Institutions privées de Formation Technique et Professionnelle (IPFTP) sont confrontées.
À l’occasion de la cérémonie d’ouverture des travaux, le Directeur Général de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle Privée, Alsény Larsen BANGOURA, est revenu sur quelques acquis, dont « l’existence de 49 Écoles à Conakry et 62 à l’intérieur du pays, soit un total de 111 écoles fonctionnelles sur 154 agréées ; l’installation de près de 80% des écoles dans leurs propres infrastructures adaptées et conformes aux types de formation ; l’existence de filières professionnelles innovantes n’ayant pas de répondants au niveau du public ».
Il a ensuite énuméré les nombreux défis qui se posent dans ce secteur. Ce sont : « L’harmonisation des dénominations des filières de formation ; l’actualisation et l’harmonisation des curriculums de formation ; le renforcement des capacités des formateurs et gestionnaires des institutions privées de formation professionnelle et technique ; la problématique des stages dans les structures privées publiques.
Également, sur les constats issus des missions de supervision administrative de la rentrée scolaire 2022-2023, à savoir : disponibilité des documents administratifs et pédagogiques et leur tenue ; disponibilité des cadres organiques réglementaires ; ouverture de filières de formation non autorisées au sein de certaines écoles ; existence d’écoles clandestines fonctionnelles dans certaines régions comme Conakry, Kindia, Labé, N’Zérékoré et Kankan ; insuffisance d’outils informatiques et de manuels de bibliothèque, manque de salles de professeurs, salles d’informatique, d’amphithéâtres, et de bibliothèques dans certaines écoles… ».
Une intervention appuyée par le président de l’association des promoteurs des écoles privées (APEP), Elhadj Mamadou Diarouga DIALLO. S’adressant au secrétaire général du Ministère de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi, il a présenté aussi certaines difficultés auxquels son camp est confronté actuellement.
« Jusqu’à présent, malgré tous les efforts que vous avez fournis avec votre ministre, il y a le non-paiement des arriérés des bourses des écoles privées. Nous savons que le dossier est très avancé, et nous sollicitons vraiment qu’il aboutisse maintenant. Ensuite, il y a l’orientation systématique des admis au Bac dans les universités publiques, alors que nous avons besoin des bacheliers pour le type B pour tout ce qui est du BTS.
Si vous l’avez constaté, cette année, puisque nous sommes tous passés par parcours pro, il y a très peu d’inscrits au niveau du BTS même au public. Nous avons également l’absence de subventions pour les écoles privées. Nous voulons vraiment avoir une assistance de l’Etat, ça fait des années que nous demandons cela. Il y a aussi les difficultés d’accès aux crédits pour les écoles, la non prise en charge des examens pratiques pour le privé, les difficultés d’accès aux stages pratiques dans les structures sanitaires, les entreprises, les administrations. Nous avons une insuffisance d’encadreurs de stages dans les structures d’accueil. Nous avons des difficultés pour la formation des formateurs et encadreurs d’écoles… », a indiqué le président de l’APEP.
Présidant cette cérémonie au nom de son ministre, le secrétaire général du Ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’emploi a rappelé que le département a engagé plusieurs réformes visant à faire face à certaines de ces difficultés. Tout en soulignant que ces réformes ne sont initiées contre personne, Youssouf Boundou SYLLA a invité les acteurs de l’Enseignement technique privé à accompagner leur mise en œuvre en vue de l’atteinte des objectifs visés.
« Il y a un message extrêmement important de monsieur le ministre que je vous dois vous relayer. Il est important de comprendre que vous et nous, nous devons travailler ensemble pour assainir le secteur. Parce que parmi ces écoles privées, il y a beaucoup d’écoles qui excellent dans l’excellence, qui sont soucieuses de former des ouvriers capables de relever les défis. Puisque nous sommes tous choqués de voir que ce sont des étrangers qui viennent rafler le boulot destiné aux Guinéens. Pourtant, si on n’a pas une main-d’œuvre qualifiée, l’entrepreneur ou l’investisseur n’a pas d’autre choix que de faire recours à une expertise étrangère, c’est ce que nous devons essayer d’éviter ensemble. Vous devriez nous aider à assainir le secteur.
Les réformes qui sont engagées ne sont pas une chasse aux sorcières, nous le faisons dans l’intérêt de la Guinée et des Guinéens. Le deuxième message, c’est ce qui concerne la réglementation qui est en vigueur au sein du ministère, c’est l’harmonisation des diplômes. Si nous avons la latitude, l’obligation de signer les diplômes, ils doivent être harmonisés. Et pour ça, l’inscription et la réinscription de tous vos effectifs sur parcours pro est essentiel pour y arriver. Donc nous devons travailler en étroite collaboration pour pouvoir faire en sorte que nous conjuguions, nous parlions du même langage. Ce langage là doit être un langage de vérité, rassurant, nous permettant d’aller de l’avant. Personne n’a intérêt à ce que la Guinée échoue surtout dans ce contexte de transition », a dit M. SYLLA.
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