Khartoum, capitale du Soudan, pays de d’Afrique du Nord en proie à une instabilité chronique, est le théâtre de violents affrontements entre groupes armés depuis samedi 15 avril 2023. Les populations sont terrées chez elles avec la peur au ventre. Ce dimanche, les affrontements se poursuivaient le matin et on dénombre une cinquantaine de morts.
Mamadou Alimou SOW est Étudiant guinéen en fin de cycle à l’Université de Khartoum, où d’ailleurs les affrontements se déroulent non loin du temple. Il nous décrit la situation qui prévaut là-bas en ce dimanche 16 avril 2023 dans la capitale Soudanaise. Ce jeune interpelle le président de la Transition sur le sort des compatriotes vivants dans ce pays.
AFRICAGUINEE.COM : Depuis samedi des affrontements sont signalés à Khartoum. Quelle est la situation qui prévaut ce dimanche 16 avril 2023 ?
MAMADOU ALIMOU SOW : Je suis Étudiant guinéen à l’université de Khartoum. Ce qui se passe depuis hier, il y a des échanges de tirs entre les Forces d’Intervention Rapide (FIR) autrement appelées Forces de Soutien Rapide et l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane.
Les affrontements ont commencé très tôt le matin, vers 8h. On parle de beaucoup de morts et des blessés parmi les belligérants mais aussi des civils. Beaucoup de dégâts matériels sont aussi à signaler.
Selon vous qu’est-ce qui est à l’origine de ces affrontements entre le groupe paramilitaires dirigé par Mohamed Hamdane Hidalgo, dit « Hemedti », et les hommes du général Abdel Fattah al-Burhane ?
C’est les relations entre les Forces de Soutien Rapide (FSR) et l’armée qui se sont dégradées. L’armée voulait déloger les interventions rapides de la capitale (FSR). L’ayant compris, eux aussi ont tenu une réunion le vendredi nuit pour dire qu’ils vont attaquer les hommes du général Burhane.
Samedi, aux environs de 8h, tout près de l’université où nous sommes, les FSR ont été attaquées par les hommes du général Al-Burhane. Ces derniers ont riposté. C’est de là-bas que tout a commencé et maintenant c’est sur toute l’étendue du territoire soudanais.
Qui ont attaqué les premiers ?
C’est les hommes des FSR qui ont été les premiers à être attaqués parce que les autres veulent les faire déloger définitivement de la capitale et ses environs alors qu’ils sont les plus nombreux et occupent les principaux postes de la capitale. Leur chef Hemedti est le vice-président de la transition Soudanaise.
Qui contrôle la situation en ce jour de dimanche ?
Ils disent que c’est l’armée qui contrôle mais, c’est un peu confus. On ne sait pas ce qui se passe parce que tout est fermé même la connexion internet s’est fortement dégradée parce que MTN est déjà en pause depuis la nuit. L’aéroport a aussi été attaqué.
Comment les civils vivent cette situation ?
Nous vivons ces événements avec beaucoup d’inquiétude et la peur parce que nous sommes des étrangers et évoluons dans une ONG internationale. C’est pourquoi nous demandons à l’ambassade et au gouvernement guinéen de nous aider à quitter ce pays pace que ça devient grave.
Est-ce que les affrontements ont cessé ?
Les Affrontements continuent, même ce matin ça tirait.
Les autorités soudanaises ont invité les populations à rester chez elles, à la maison. Où est-ce-que vous vous trouvez en ce moment ?
Nous sommes dans l’enceinte de l’université.
Est-ce qu’il y a des affrontements à côté ?
La base des forces de Soutien Rapide se trouve tout près. C’est de là-bas que les affrontements ont commencé depuis samedi. Les étudiants qui sont proches des bus, ils ont été déplacés pour être amenés au centre, à l’université internationale d’Afrique de Darfour. Il y a beaucoup de nationalité africaine et arabophone.
Qu’est-ce que vous sollicitez des autorités guinéennes ?
Le problème est que nous n’avons pas d’ambassade ici. Le chargé d’affaires était venu ici installer un bureau, il a mis ses proches. Depuis qu’il est parti rien ne fonctionne.
Avez-vous une idée sur le nombre de Guinéens vivants dans ce pays ?
Pas assez parce que beaucoup ont quitté depuis que le pays est entré dans une instabilité politique et institutionnelle. Certains sont allés vers l’Égypte.
Quel appel avez-vous à l’endroit des autorités de la transition ?
Nous sollicitons des autorités guinéennes, notamment du ministre des affaires étrangères parce que celui qui a fait installer les représentants de la Guinée ici, de nous aider. Nous demandons au président, le colonel Mamadi Doumbouya de nous aider, parce je l’ai entendu dire que partout où il y a un guinéen, s’il sollicite de l’aide, il va l’aider.
Alors nous lui demandons de nous aider à rentrer parce que la situation d’ici n’est pas rassurante. Il y a des étudiants qui ont fini les études ici mais qui n’ont pas encore leurs diplômes, ils sont là assis. Le pays a changé, maintenant tout est à acheter en dollars.
Êtes-vous prêts à rentrer bien que vous n’avez pas encore votre diplôme ?
Oui, je serai prêt à rentrer au pays ou aller à un autre endroit jusqu’à ce que la situation se calme un peu et revenir récupérer mon diplôme pour rentrer définitivement en Guinée. C’est pourquoi nous demandons les autorités guinéennes de nous aider à rentrer parce qu’ici on n’a pas là où travailler. Tout est à l’arrêt. Les banques sont fermées, certains, leurs familles leur envoient de l’argent mais ils n’arrivent pas à récupérer pour le moment pace que tout est bloqué depuis la semaine dernière.
Nous sollicitons vos prières et bénédictions pour que le tout puissant Allah nous protège.
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