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UGLC-Sonfonia/Mois des Femmes : à la rencontre de Cissé TOUNKARA, Directrice de la chaire Genre

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Les femmes guinéennes se battent dans tous les secteurs de la vie pour contribuer au développement du pays mais aussi pour leur propre épanouissement. En marge de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à l’une de ces grandes dames. Il s’agit de dame Cissé Tounkara, la Directrice Générale de la chaire genre de l’Université Général Lansana CONTE de Sonfonia. Dans cette interview, elle a dressé le bilan des activités réalisées depuis 2019, évoqué certaines difficultés et les perspectives de la chaire Genre pour le futur.

Ci-dessous l’intégralité de l’interview !

Guineematin.com : quelles sont les missions de la chaire genre de l’université Général Lansana Conté de Sonfonia et quel est le bilan de vos activités ?

Cissé TOUNKARA : nous avons pour missions la formation, la recherche, la vulgarisation et la consultation du genre. En tenant compte de nos missions, on s’est fixé des objectifs. C’est à partir de ces objectifs que nous planifions des activités que nous réalisons. Depuis 2019, on a organisé plusieurs conférences. En 2021, on avait organisé une conférence sur la thématique genre où on disait « le genre, une approche pluridisciplinaire », au cours de laquelle on a invité des sociologues, des géographes, des littéraires pour venir donner leurs points de vue sur la question du genre. Vous savez, le genre est transversal. Quand on dit genre en Afrique, on pense automatiquement aux femmes parce que c’est la couche la plus vulnérable. Mais le genre est vraiment très englobant, il concerne non seulement les femmes, mais aussi les hommes, les enfants, les personnes handicapées. Souvent aussi, nous sommes invités à prendre part à des débats scientifiques sur la question du genre en tant que service… Le 1er mars par exemple, on a organisé une conférence qu’on a intitulée, « Femme, Science et Innovation ». On a jugé utile de trouver une relation entre Femme, Science et innovation. Pourquoi innovation, parce que chaque année, les Nations-Unies votent une thématique. Et cette année, la thématique « Pour un monde digital et inclusif, innovation, technologie pour l’égalité des sexes ». On a organisé plus de 5 conférences depuis que je suis là. Souvent, on fait des sensibilisations et nous sommes en contact avec beaucoup d’ONG, beaucoup d’associations qui s’intéressent à la question du genre. Beaucoup de mois sont dédiés à la Femme. Si nous prenons l’exemple sur les 16 jours d’activisme sur la violence basée sur le genre ; à l’occasion, nous organisons une activité sur ça aussi. Le mois de la jeune fille aussi nous avons des activités, soit l’information, soit un panel…

quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

Cissé TOUNKARA : la première difficulté dont je parlerais, c’est la compréhension du concept genre. Souvent les gens n’ont pas la bonne interprétation du genre. On défend les femmes dans les boîtes parce qu’elles sont minoritaires. La lutte de la chair d’abord, c’est vraiment valoriser cette ressource humaine et particulièrement, la ressource féminine. Aussi, il y en a qui pensent que quand les femmes réclament leurs droits, c’est une façon pour elles d’être radicales ou bien nier tout ce que les autres font… On peut promouvoir le genre en faisant comprendre aux femmes qu’elles peuvent réclamer leurs droits mais qu’elles n’oublient pas aussi qu’elles ont des devoirs. Nous invitons les hommes aussi à nous accompagner, parce que quand on parle aux hommes, ils disent que le genre vous appartient. Et pourtant, c’est la complémentarité entre l’homme et la femme. Parfois, il y a le problème de financement, mais pas l’université. Parce que chaque année, le rectorat de l’université nous accompagne. Mais comment avoir d’autres financements à l’extérieur ? Souvent dans les institutions, lorsqu’on n’est pas dans un réseau, ce n’est pas facile de décrocher un projet.

quelles sont vos perspectives ?

Cissé TOUNKARA : ce qu’on n’a pas pu faire à la chaire genre, c’est d’organiser une journée d’études sur le genre. Et on est en train de travailler avec les partenaires français qui commencent à avoir confiance en nous. On est en train de travailler sur un document afin de pouvoir tenir cette journée de restitution scientifique à Sonfonia dans les prochaines années. Aussi, on a en perspective la création d’un Master en genre pour amener les gens à avoir un diplôme dans le domaine du genre. Nous voulons qu’il y ait une formation sur le genre, nous voulons que l’enseignement soit intégré dans les programmes dans l’enseignement supérieur. Nous voulons également organiser un colloque national sur le genre où on va inviter beaucoup de spécialistes sur le genre et qu’à la fin qu’on publie un ouvrage collectif qui va rester dans les bibliothèques… Nous voulons aussi qu’il y ait le centre de documentation. Nous avons déjà une bibliographie. Nous sommes en train de nous battre pour avoir ces documents là afin de permettre aux personnes de trouver une documentation digne de nom sur la thématique du genre. Cela peut aider la recherche scientifique sur le genre, ça peut aider les gens qui s’y intéressent.

Guineematin