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Lettre Ouverte au Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme en Guinée

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  Objet: La violation des droits fondamentaux des jeunes filles voilées lors des Examens Nationaux.

 Monsieur le Ministre, Je viens très respectueusement auprès de votre autorité, contester par la présente, les propos méprisants et les actes discriminatoires teintées par des violations d’un droit fondamental et sacro-saint garanti par la charte de la transition ; de même que la déclaration des droits de l’homme du 26 août 1789 ; ainsi que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.  

   En effet, plusieurs candidates voilées qui se sont toujours vu expulsées de leur salle d’examen à cause de leur voile, un cas très répandu en milieu scolaire guinéen depuis quelques années. D’ailleurs, d’autres sœurs se voient priver d’emploi à cause de leur pratique religieuse : le voile.  

  Monsieur le Ministre, sachez que cette interdiction à la femme voilée de l’exercice de sa liberté de choix, fait également partie de la violation de ses droits fondamentaux et le non-respect de la charte de transition, d’autant plus que lesdits droits fondamentaux sont garantis par la charte de la transition dans son article 23 qui dispose que :

« Les libertés d’opinion, d’expression, de conscience et de culte sont garanties. Les conditions de leur exercice sont définies par la loi».

 Il sied que personne ne doit être injustement inquiétée, conformément à la déclaration des droits de l’homme du 26 août 1789 dans son article 10, qui dispose que :

« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

De même : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte … ».

 La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, laisse entendre également que : « La liberté de conscience, la profession et la pratique libre de la religion sont garanties. Sous réserve de l’ordre public, nul ne peut être l’objet de mesures de contrainte visant à restreindre la manifestation de ces libertés » ; sans parler du dispositif de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDEF) de 1979. 

Monsieur le Ministre, par la supériorité, il est inadmissible qu’une disposition ou un arrêté d’un département ministériel mal interprété, porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Charte de la transition et les conventions internationales. 

Nous souhaitons, désormais, sur tout le territoire national, que les justiciables jouissent de ce droit en vertu de l’article 23 de la Charte de transition et des dispositions des conventions internationales y relatives. Le fait de renvoyer une fille de l’école par défaut d’ôter son voile est contradictoire aux fondements et à la philosophie de l’éducation, car « Apprendre, c’est construire l’humanité dans l’homme, accéder à l’universalité d’une culture qui s’ébauche quand l’homme refuse de soumettre l’Autre mais décide de se soumettre avec l’Autre à un échange sans violence » (Pr Philippe Meirieu, dans ses principes fondamentaux d’apprentissage).

Cet auteur précise que « les recherches en psychologie de l’apprentissage et en didactiques peuvent permettre, par l’observation des conditions optimales d’apprentissage, de construire des dispositifs d’apprentissage. Ces dispositifs sont utiles pour pallier l’aléatoire des situations personnelles et sociales d’apprentissage, mais ils ne peuvent jamais se substituer à la liberté du sujet apprenant ».

 En somme, nous disons que le voile dans son ensemble, est une protection pour la femme musulmane et l’émancipation. Il n’a jamais été un frein pour un apprentissage scientifique. Il est plutôt un signe de pudeur et de foi islamique, chose garantie par nos lois.

Monsieur le Ministre, je prie Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, dans sa bonté infinie, qu’il guide vos pas et vous entoure des personnes qui partageront les mêmes ambitions et les mêmes valeurs cardinales qui vous animent pour la reconstruction d’une Guinée unie, indivisible et émergente, où chacun jouit de ses droits.

Dans l’espoir d’une suite favorable à la présente, veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, mes hautes considérations et salutations distinguées.  

Qu’Allah bénisse la Guinée et les Guinéens.

Amine ! 

Mansaré IbrahimBanquier, Consultant en Finance Islamique & Porte-parole de l’Union des écoles franco-arabes de Guinée.