Construite autour de trois piliers essentiels, l’école est comme on la présente, le chemin qui conduit au succès. Admettons tous ensemble que, lorsque le chemin qui mène à une destination est long et tortueux nous aurons moins de chance d’aboutir.
Le problème, chez nous le chemin semble aboutir sur un cul de sac . Les trois piliers (l’infrastructure , le programme d’enseignement et l’encadrement ) sont dans des états de vétusté poussés . Nos écoles sont comme des camps de concentration, nos programmes d’enseignements sont moyenâgeux et les enseignants sont insuffisants et sous formés .
Au lieu de chercher à avoir un système performant en essayant de combler les déficits au niveau des trois points que nous avons cités , les différents Ministres misent sur une évaluation de plus en plus contraignante. Un temps , c’était tolérance zéro , il n’y a pas longtemps , c’était les détecteurs de métaux et aujourd’hui c’est le serment sur les livres saints . Il nous faut combien de temps encore pour comprendre que le faible taux de réussite aux examens n’est pas le signe d’un système éducatif vigoureux, il peut être au contraire le signe avant-coureur d’un effondrement général de notre société ( pas seulement du système éducatif ).
Plus loin , je dirai que nous faisons du tord aux apprenants en tonifiant les évaluations de fin de cycle alors que durant tout le parcours il n’a pas étudié convenablement par manque d’enseignants. Aujourd’hui, il y a un déséquilibre entre ce que les élèves apprennent tout au long de leur cycle et l’évaluation de passage pour le prochain cycle . Comment voulez-vous évaluer en mathématiques au BEPC alors que de la 7ème à la 9ème il n’a pas eu de professeur ? J’ai vécu une telle situation alors que j’étais délégué dans un centre abritant les candidats de l’option sciences expérimentales. J’ai lu un désarroi total dans les yeux des élèves pendant l’épreuve de biologie .
Imaginez que depuis les trois premiers mois de la 11ème, ils n’avaient pas fait biologie. Oui c’est bien beau de vouloir sécuriser les examens de fin d’année. Vous pouvez comme professeur Bano utiliser des détecteurs de métaux ou bien , faites la très grande innovation ( j’ai emprunté l’expression à Monsieur Mandela Camara de la législation scolaire ) prêter serment . Nous n’aurons rien tant que nous ne posons pas le bon diagnostic. Nous n’avancerons pas tant que nous ne tirons pas les leçons des évaluations passées.
Quelles sont les mesures prises par exemple pour remédier à une situation comme celle de Macenta ? Sur un effectif de 2000 candidats, il y a eu 99 admis soit un taux de 4.06 (source 224objectif Bac ) . Il n’y a pas eu de nouveau recrutement, il n’y a pas eu de renforcement de capacité , les programmes d’enseignements n’ont pas été revus , …. Rien absolument rien pour éviter de répéter le schéma de l’année dernière.
Au contraire , il y a risque de répétition des erreurs du passé . Nous profitons ici de l’occasion pour remercier les bénévoles du mouvement 224 Objectif Bac.
Sur le plan national, le même constat. Nous enregistrons depuis plusieurs années de faibles taux d’admissions. La seule stratégie que nous offrent les différents Ministres qui se succèdent à la tête du département, concernent uniquement l’évaluation. Oublient-ils que l’évaluation n’est que l’aboutissement d’un processus ? Depuis les évènements de janvier et février 2007 , chaque changement de gouvernement , chaque changement de régime … tous ceux qui viennent essayent de démontrer à partir des examens nationaux qu’ils font des reformes. Les reformes de la république se mesurent donc par une rigueur populiste dans le processus des évaluations ? Un faible taux d’admission aux examens de fin d’année ? Le recensement anarchique du personnel enseignant ?
Empereur Keïta,
Éducateur, Consultant en Communication