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L’Amicale des Etudiants Guinéens de la Côte d’Azur dénonce les tueries en Guinée (Déclaration)

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Ces dernières années, particulièrement à partir du mois d’octobre 2019, nous assistons en Guinée à toutes sortes de violations des droits et des libertés fondamentales qui caractérisent un régime démocratique. Cet état de fait prend sa source dans la détermination de Mr Alpha Condé, président de la République de Guinée, à modifier la constitution de mai 2010 limitant à deux le nombre de mandats présidentiels pour pouvoir se présenter à un troisième mandat.

Face à cette situation qui s’est heurtée à une grande désapprobation, le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) s’est érigé en mouvement de lutte et de résistance contre ce projet de modification et pour une alternance, gage d’une démocratie saine favorisant un état de droit.

 Bien que le FNDC ait pu mobiliser quasiment toutes les sensibilités du pays, de la société civile aux partis politiques ainsi que des mouvements de défense des droits, ses acteurs et membres ont subi, lors des différentes manifestations, plusieurs violations inacceptables dans un projet qui se veut démocratique : des violences et des dégâts matériels importants dans certaines localités, des blessés, des arrestations arbitraires, des tirs à balle réelle des forces de l’ordre ayant fait des morts. Le rapport « Marcher et Mourir » d’Amnesty International fait cas de cinquante (50) homicides illégaux, au moins 200 personnes blessées et 70 autres voix dissidentes et militants pro-démocratie ont été arbitrairement arrêtés pour avoir protester contre un troisième mandat du président Alpha Condé.

 C’est dans cette atmosphère de crise qu’est intervenue un référendum ayant abouti à l’adoption d’une nouvelle constitution permettant à Alpha CONDÉ de se présenter à un nouveau mandat. C’est dans ce cadre qu’a été envisagé l’élection présidentielle qui est à l’origine des crises pré électorales qui ont fortement fragilisé la stabilité du pays.Aujourd’hui, nous assistons à une crise post-électorale caractérisée par des violations graves des droits humains prévus et garantis tant par le droit national que celui international dont la Guinée a signé et ratifié la plupart des traités et conventions.
À lireaussiDonald Trump, quelle vie après la Maison Blanche?Donald Trump, quelle vie après la Maison Blanche? 8 NOVEMBRE 2020 À 11:07Résultats définitifs de présidentielle 2020: Trouvez ici l’intégralité de l’arrêt de la Cour constitutionnelleRésultats définitifs de présidentielle 2020: Trouvez ici l’intégralité de l’arrêt de la Cour constitutionnelle 8 NOVEMBRE 2020 À 10:52La démocratie supposant une opposition des visions sur la conduite de la cité, rien ne doit justifier le fait que des citoyens soient marginalisés et opprimés pour leurs opinions ou positions politiques. Notre très chère patrie est au bord de l’explosion. Une telle situation est inadmissible et inacceptable. Et aucun prétexte ne peut ni ne doit justifier de tels faits dégradants et qui alimentent une tension implosive qui pourrait affecter négativement la situation socio-politique du pays.

Ainsi, nous, Amicale des Etudiants Guinéens de la Côte d’Azur, dénonçons la mort dans l’âme, le fait que des enfants puissent être lâchement et impunément tués. Les médias font état de plus d’une trentaine de morts depuis le début des violences post-électorales. Il est inacceptable qu’on puisse se faire tuer ou arrêter arbitrairement pour la simple expression du droit constitutionnel de manifester. Qu’on viole les domiciles, vandalise des biens et pire qu’on agresse sexuellement des femmes.

 Nous dénonçons l’instrumentalisation de la question ethnique qui pourrait être un coup fatal à la cohésion et à la nation que nous appelons tous de nos vœux. L’irresponsabilité de l’Etat et des partis politiques face aux discours induisant et attisant le repli ethnique et tout ce qui s’ensuit comme corollaire. Nous dénonçons également l’inertie de l’appareil judiciaire qui ne s’active que pour arrêter et sanctionner les dissidents au projet de troisième mandat.

 Nous ne pouvons fermer les yeux face à cette situation inconfortable et alarmante que traverse la Guinée.Nous condamnons l’utilisation des armes non conventionnelles dans le maintien de l’ordre et les violences de tout genre et de tout bord. Nous condamnons également le déni des autorités face à ces atrocités et aux revendications des victimes. Nous exigeons que justice soit rendue à qui de droit. Nous appelons les Guinéens à éviter d’entretenir et d’arroser les graines de la division et de la violence que certains ont semée et veulent voir éclore et prospérer au profit de leurs sombres projets et intérêts. Nous appelons à la raison pour la paix ainsi que sa préservation. Non une paix factice synonyme d’acceptation des idéaux ou attitudes contraires à une réelle démocratie. Non une paix illusoire qui impliquerait des compromis qui trahissent même les fondements d’une société juste et protectrice de tous les guinéens. Une société dans laquelle, chacune et chacun peut exprimer librement ses opinions, manifester contre tout ce qui lui paraît démocratiquement suicidaire et socialement moribond, sans crainte de se voir violenté, arrêté ou tué. Nous invitons tous les leaders d’opinions, les institutions nationales et internationales à jouer les pompiers de service pendant qu’il est encore possible de contrôler la situation.

 Face à cette situation préoccupante, tout comme ceux qui nous ont précédé dans la lutte pour une Guinée meilleure, nous avons un choix à faire sur ce que doit être notre attitude.

Voulons-nous une Guinée démocratique caractérisée par le respect de l’alternance, des droits humains et l’existence d’institutions fortes favorisant une large justice, ou voulons-nous vivre dans une Guinée condamnée à périr dans un éternel retour des régimes à vie oppresseurs de toute dissidence ?

Voulons-nous une Guinée où l’on peut se voir agressé, arrêté arbitrairement, violé voire tué du simple fait de notre appartenance à un bord politique ou idéologique ou voulons-nous une Guinée où chaque citoyen est libre et protégé dans l’expression des droits que la loi lui confère ?

Voulons-nous une Guinée unie et débout comme un seul Homme face à ses défis de développement durable ou une Guinée où l’on instrumentalise à des fins politiques la question ethnique pour diviser ses filles et fils et ainsi rater l’édification d’une nation réelle dont nous avons tant rêvé ?
Le défi est de taille, la montée rude et le moment incertain. Mais jamais, nous n’avons été aussi convaincus que si chacun y met du cœur, l’amour du pays et la préoccupation d’un lendemain meilleur, la Guinée en sortira victorieuse et tous ses enfants apaisés marchant la main dans la main vers le sommet de la montagne.

Nos tristes et sincères condoléances aux familles éplorées lors de ces violences honteuses. Notre compassion et soutien aux détenus politiques et blessés.

Que justice soit rendue !Que DIEU protège la Guinée, les guinéennes et les guinéens !

Nice, le 06 novembre 2020L’Amicale des Etudiants Guinéens de la Côte d’Azur.