Les députés de la nouvelle Assemblée nationale ont approuvé vendredi dernier la loi d’autorisation de ratification de la convention portant sur un prêt de 230 millions d’Euros auprès de la société britannique PALUMBO GROUP LTD. Ce prêt est destiné à la construction d’infrastructures de Formation Technique et Professionnelle dans les huit régions administratives de la Guinée.
Un vote qui continue de faire réagir de nombreux opposants, à l’image de l’honorable Alpha Ibrahima Sila BAH, 4ème vice-président de l’Assemblée nationale qui s’est abstenu de voter.
Le député a émis de sérieux doutes quant à la réalisation dudit projet. Il l’a dit chez nos confrères de Guineematin.com dans la soirée d’hier, lundi 8 juin 2020.
Le Président du Parti Guinéen pour la Reconnaissance et le Progrès (PGRP) déplore que le secteur Educatif soit relégué au second plan en Guinée avec la faiblesse du budget alloué au département de l’Enseignement Technique.
« Le ministère de l’Enseignement Technique a le meilleur potentiel pour la création de l’emploi. Mais, il est le parent pauvre de l’éducation, il ne bénéficie que de 4% du budget et 90% aussi de ce budget va vers les salaires et il ne reste rien pratiquement pour l’investissement.»
Parlant du prêt de 230 millions d’Euros, l’honorable Sila BAH se montre méfiant.
« L’initiative du prêt est une bonne initiative. Mais, à ce stade ce n’est qu’une simple idée de projet. Il n’y a pas d’études qui ont été faites, les coûts ne sont pas cernés. Donc, c’est une ligne de crédit qu’ils mettent en place. A cause de ça, nous, j’insiste pour que les études se fassent le plus rapidement possible pour qu’on soit fixé sur les coûts. Vous savez qu’il y a eu projet similaire avec la construction des ERAM (Écoles Régionales des Arts et Métiers) que la BID avait financé depuis 2006 et jusqu’à présent toutes ces Ecoles ne sont pas terminées. Il y a des retards énormes. Nous ne voulons pas que la même chose arrive à ce projet.»
D’ailleurs, le député émet de sérieux doutes.
« Pour le financement, c’est là où j’ai beaucoup de réserves. Je ne veux pas que ça soit une farce qu’on est en train de nous jouer. Vous imaginez un monsieur du secteur privé qui investit 230 millions d’euros pendant 31 ans. Ça c’est trop beau pour être vrai. C’est un taux qui est souvent réservé à la Banque mondiale. Je ne vois pas un gars du secteur privé investir autant d’argent pour la Guinée à ce taux. Ensuite, c’est une société qui est à Londres, son personnel n’est pas constitué, elle n’a que très peu de capitalisation. Tout ceci me donne beaucoup de doute par rapport à cela. Ce qui est pire, c’est que la société PALUMBO, son expertise est dans la construction des bateaux et non des bâtiments. Compte tenu de toutes ces réserves, je me suis abstenu du vote. Je ne veux pas que la Guinée soit le dindon de la farce. Je ne veux pas que la société vienne demander à la Banque centrale de collateriser le projet. C’est-à-dire venir demander à la Guinée de donner un montant pour qu’ils puissent démarrer ainsi de suite après avoir signé la convention ».