Comme une règle d’or, lors de chaque élection en Guinée, les zones qui
ne sont pas favorables au parti au pouvoir voient leurs votes annulés
ou encore leurs représentants arrêtés et accusés de « trouble » ou
encore de « manipulation » des résultats dans ces zones en faveur de
l’opposition.
Une habitude qui se transforme en loi dans plusieurs pays d’Afrique,
« annulation de vote « , « arrestations » des personnes qui ne sont pas
« favorables » au régime en place, la Guinée ne fait pas exception à la
règle. Depuis longtemps, des personnes se sont vus arrêter, battre,
emprisonner, et même pousser à l’exil. Mamadou Bhoye
DIALLO membre du parti « Union pour le Progrès et le Renouveau » (UPR)
qui,représente dudit parti au quartier Simbaya
Gare dans la commune de Ratoma. Lors des élections municipales, il
avait été arrêté par l’armée avant d’être enfermé plusieurs jours en
compagnie de certains de ses camarades.
Notre reporter est allé à la rencontre de Monsieur Mamadou Bhoye DIALLO qui est ne le 24 Octobre 1981 à Dara/Mamou, à sa sortie de prison, il nous explique sa mésaventure:
« Ma première arrestation par le gouvernement a eu lieu le 25 juin
2000. Ce jour, des élections municipales ont eu lieu dans tout le
pays. Mon parti m’a choisi comme observateur au bureau de vote numéro
04 de Simbaya Gare dans la commune de Ratoma. Vers 7h du matin ce
jour, je suis allé à mon lieu de scrutin assigné. Le vote s’est
poursuivi sans incident jusqu’à environ 13 heures lorsque nous nous
sommes rendu compte que nous manquions de bulletins de vote. Nous
avons cru que la pénurie avait été planifiée car elle se produisait
couramment dans les zones où l’opposition était plus forte. Nous avons
informé le superviseur du lieu de vote. Cependant, il a ignoré notre
demande pour plus de bulletins de vote. Nous avons continué à nous
plaindre par ce que nous craignions que le PUP ne soumette de faux
bulletins de vote pour compenser les bulletins de vote légitimes
manquants. Quand on s’est plaint à nouveau, une bagarre a éclaté.
L’armée a été immédiatement envoyée comme si c’était préparé. De
nombreuses personnes ont été arrêtées par l’armée guinéenne. J’étais
l’un de ceux qui ont été arrêté. J’ai été emmené dans une station de
gendarmerie. À la gendarmerie, j’ai été accusé d’avoir tenté de
manipuler les votes en faveur de l’opposition. J’ai été battu,
maltraité et détenu jusqu’au 1er juillet 2000 », explique Mamadou
Bhoye DIALLO.
Attribution des voix de l’opposition au parti présidentiel
Lorsqu’une zone réputée favorable à l’opposition a son vote annulé
pour cause de trouble lors de n’importe quel scrutin électoral, en
République de Guinée, les voix de ces zones sont automatiquement
octroyées au parti au pouvoir. « J’ai appris par la suite que le PUP
avait commis une fraude à plusieurs stations et le régime avait nommé
de nombreux candidats dans les zones où l’opposition aurait dû être
plus forte. Beaucoup de candidats nommés étaient des candidats PUP
malgré le fait que les habitants de ces quartiers étaient
principalement des peuls et ont soutenus l’UPR », se souvient Bhoye
DIALLO.
Pour rappel, cette pratique est monnaie courante dans le pays, lors de
toutes les élections, les zones favorables à l’opposition ont
enregistré des troubles et des représentants des partis politiques
issus de l’opposition sont arrêtés, c’est le cas pour le RPG en Haute
Guinée en 1990, puis en 1993 mais aussi le 25 juin 2000 lors des
élections municipales.
SOW Ousmane2
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