Notre rédaction a rencontré Mamadou Pathé DIENG, Président du Groupe Ahmadou DIENG, le plus grand groupe éducatif privé de Guinée, intervenant de la maternelle à l’université en passant par la formation professionnelle, présent dans trois des quatre régions du pays. Dans cet entretien, il partage sa vision sur la suppression annoncée de l’examen d’entrée en 7ᵉ Année (CEE) et l’avenir de l’Éducation en Guinée.
Dès le début de notre échange, Mamadou Pathé DIENG a tenu à saluer le courage du Gouvernement, du CNRD et surtout du Président de la République, qui, selon lui, « a initié un changement profond dans notre pays que nous devons tous encourager. »
Il poursuit avec calme :
« Le sujet dont nous parlons aujourd’hui, la suppression de l’examen de 7ᵉ Année, a été pensé et repensé depuis les indépendances. Beaucoup en ont parlé, mais il faut du courage et de la détermination pour prendre les décisions difficiles, celles qui engagent réellement le pays sur la voie du progrès. Je n’ai aucun doute que des analyses pertinentes seront menées et que la décision idoine sera prise dans l’intérêt de notre système éducatif. »
Revenant sur l’origine du CEE, il nous explique que cet Examen est un héritage colonial, mis en place pour sélectionner les rares enfants qui pouvaient continuer au collège.
« Aujourd’hui, le contexte a évolué. Nous voulons que chaque enfant guinéen reste à l’école jusqu’à 16 ans au moins, conformément à notre engagement en faveur de l’éducation de base obligatoire. Cet examen est devenu une barrière pour beaucoup d’enfants, notamment ceux issus des zones rurales. C’est pourquoi je salue également le leadership du ministre CEDY, un professionnel chevronné de l’éducation qui comprend les réalités de notre système et qui souhaite faciliter l’accès de tous à l’éducation sans sacrifier la qualité. »
Quand nous lui demandons quels avantages apporterait la suppression de cet Examen, il marque un temps de réflexion avant de répondre avec franchise :
« D’abord, cela permettrait à tous les enfants de poursuivre leurs études sans être bloqués par un examen unique qui génère un stress énorme chez les enfants et leurs parents. Supprimer cet obstacle alignerait notre politique éducative sur l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans, et les ressources mobilisées pour organiser cet examen pourraient être investies dans l’amélioration des infrastructures scolaires, des manuels et la formation continue des enseignants. »
Mais il ne cache pas les risques potentiels d’une suppression mal préparée :
« Si nous supprimons cet examen sans mesures d’accompagnement sérieuses, nous risquons de voir des élèves accéder au collège sans les bases nécessaires, ce qui compliquera leur parcours, notamment au moment du BEPC. Nous devons aussi anticiper pour éviter la surcharge des classes dans les collèges, et former les enseignants pour que l’évaluation continue remplace efficacement cet examen comme outil de mesure du niveau des élèves. »
Sur les expériences des autres pays, Mamadou Pathé DIENG explique que plusieurs pays voisins francophones avancent sur cette question.
« Au Sénégal, le CFEE existe encore mais son rôle évolue. Au Mali et au Burkina Faso, son caractère éliminatoire a été atténué. La Côte d’Ivoire l’a supprimé, même si des défis de niveau persistent en 6ᵉ, et en Gambie, le passage au collège est automatique. »
Quant aux pays Anglophones africains, il note que le Kenya et le Ghana maintiennent des Examens en fin de primaire mais avec plus de flexibilité pour l’orientation, et en Afrique du Sud, il n’y a pas d’Examen éliminatoire, mais des tests de diagnostic réguliers et un suivi des Élèves.
Sur le plan international, il cite la Finlande, le Canada et la France, qui n’ont pas d’Examen de sélection en fin de primaire, préférant l’évaluation continue, tout en offrant des dispositifs de soutien pour accompagner les élèves en difficulté.
Concernant les préalables pour la Guinée avant une telle réforme, Mamadou Pathé DIENG insiste :
« Il faut préparer les enseignants à l’évaluation continue et mettre en place des tests diagnostiques en début de 7ᵉ année pour évaluer les acquis des élèves. Il faut également impliquer les parents pour qu’ils accompagnent leurs enfants, et renforcer les capacités d’accueil des collèges. Surtout, il faut maintenir le dialogue avec les enseignants, les syndicats et les parents pour anticiper les défis. »
Pour conclure, il affirme avec conviction que cette réforme peut profondément transformer le système Éducatif guinéen :
« Cela pourrait augmenter le taux de scolarisation au collège, réduire les inégalités entre zones rurales et urbaines, et moderniser notre système éducatif en le rendant plus inclusif et plus équitable. Mais cela ne doit pas signifier un relâchement des exigences académiques. Supprimer l’examen, ce n’est pas supprimer l’exigence, mais c’est choisir d’évaluer autrement pour mieux accompagner nos enfants. »
Avec un sourire serein, il termine :
« Je renouvelle mon soutien au Président de la République, au gouvernement et au CNRD pour cette dynamique de transformation. Je félicite également le ministre CEDY pour son engagement. L’éducation est notre avenir, et c’est ensemble que nous réussirons cette réforme pour le bien de nos enfants et de notre nation. »
Interview réalisée par : SOW Telico pour, Education Actu.com et UniversiteActu.com















