A l’occasion de l’atelier préparatoire des Examens Nationaux session 2022 tenue la semaine dernière à Conakry, le ministre de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation (MEPU-A), Guillaume HAWING, a annoncé de nouvelles mesures pour améliorer et qualifier les examens dans notre pays. Il s’agit de la sécurisation des feuilles d’examen et l’internement des inspecteurs disciplinaires (ceux qui sont dans tout le processus de l’organisation des examens nationaux, du choix des sujets jusqu’à la délibération dans les classes disciplinaires). Et, apparemment, ces nouvelles mesures ont été prises à l’insu des syndicats de l’Éducation.
Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce lundi, 16 mai 2022, Aboubacar Soumah, le secrétaire général du SLECG (syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée), a laissé entendre que ces innovations sont « une première » en Guinée et que les syndicats de l’éducation ne sont pas enchantés d’avoir été mis à l’écart dans la prise de décision.
« Nous n’avons pas été conviés. Je crois qu’il y a un changement dans leur système de gouvernance actuellement. Puisqu’avant, pour de telles décisions, on nous invitait pour que nous puissions partager ensemble les points de vue. En tout cas, tout ce qui concernait l’éducation, on conviait les partenaires sociaux pour qu’ensemble nous puissions analyser la situation et prendre les décisions. Mais, cette fois-ci, comme nous sommes dans un régime d’exception, peut-être c’est à cause de cela qu’on nous a mis à l’écart dans la prise de décision. Maintenant, dans tous les cas, nous notre ambition c’est de faire en sorte que le système soit qualifié, que les examens soient sécurisés et qu’il n’y ait pas de fuite comme par le passé. Si les dispositions qui sont prises vont dans le sens de la sécurisation des examens, des évaluations de manière générale, nous ne pouvons pas dire mieux que ça. Mais, le fait qu’on a été mis à l’écart dans la prise de décision ne nous enchante pas.
Par rapport à l’internement des inspecteurs disciplinaires, peut-être c’est une première en Guinée. Moi je n’ai pas encore entendu parler de cette forme-là dans les autres pays, mais on va voir si ça va donner. Si ça réussi, tant mieux. Donc, on va les laisser essayer et on va voir le résultat que ça pourrait donner », a indiqué Aboubacar SOUMAH.
A en croire ce leader syndical, interner les inspecteurs disciplinaires seulement ne peut pas empêcher la fraude aux examens. Il assure que la fraude se trouve à plusieurs niveaux dans l’organisation des examens. Et, le mieux serait de choisir des « éléments consciencieux » et valoriser leurs primes pour les mettre à l’abri de la corruption.
« Je ne pense pas que l’internement des inspecteurs disciplinaires soit suffisant pour arrêter la fraude. Parce que la fraude se situe à plusieurs niveaux. D’abord, dans le choix des sujets, il y a la fuite. Avant, au niveau des saisies, les secrétaires faisaient fuir les sujets. Donc, au niveau de cette manipulation, si les éléments qui sont choisis ne sont pas crédibles, il va y fuir de la fuite.
Maintenant, le deuxième niveau, c’est le secrétariat. Mais, cette année le secrétariat est éliminé. Seulement, au niveau des secrétariats qui se trouvent au niveau des établissements, au niveau de la centralisation des copies, c’est là-bas où des substitutions s’opèrent. Il y a aussi des groupes qui traitent les sujets pour les candidats. Donc, il faut aussi sécuriser ce niveau-là. Parce que, très souvent, c’est à ce niveau qu’on échange les copies des candidats. Maintenant, au niveau des relevés, ceux qui relèvent les notes peuvent souvent changer la note des candidats. Donc, à ce niveau-là il faut mettre des gens consciencieux. Et, pour cela, je crois qu’il faut penser à la rémunération de tous les agents concernés dans l’évaluation. Parce que la conscience s’achète. Donc, il faut valoriser les primes qu’on donne aux surveillants et à tous ceux qui sont intéressés par l’évaluation pour que leur conscience soit tranquille, pour qu’ils soient à l’abri de la corruption », a dit Aboubacar SOUMAH.
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