C’est en héros que les Étudiants interpellés au cours de la manifestation de ce matin ont été accueillis par leurs collègues après leur libération. C’était condition donnée par manifestants pour accepter de négocier avec les autorités autour de leur mouvement de protestation. Parmi ceux qui avaient été interpellés par la police, il y a Mory CAMARA , le Président du Collectif des Étudiants de l’Université Gamal Abdel NASSER de Conakry. Après sa libération, il est revenu sur l’objectif de leur démarche au micro d’un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.
« C’est une manifestation pacifique que nous avons organisée, nous n’avons même pas accepté d’appeler ça une grève ou une manifestation, nous l’avons appelée marche pacifique. Et cette marche n’a aucune motivation politique, nous ne sommes pas des politiciens et nous ne collaborons pas avec les politiciens. Nous ne sommes pas contre un régime, nous voulons juste montrer notre cri de cœur aux autorités. Nous réclamons des bus pour les étudiants et l’équipement des laboratoires. La majeure partie des étudiants de Gamal habite dans des zones très éloignées de leur campus. A Sonfonia aussi, c’est la même chose. Donc, c’est une véritable préoccupation.
En ce qui concerne les laboratoires, quand vous prenez par exemple le département Génie-civil de l’institut polytechnique, le département Mathématiques, le département Biologie de la faculté de sciences, le département Médecine de la faculté des sciences et techniques de la santé, il n’y a aucun équipement dans les laboratoires. Nous suivons les cours théoriques, tout se passe dans l’imaginaire. On a des ambitions, on a des visions, on veut matérialiser ce qu’on a en tête sur le terrain, mais il n’y a rien. Donc nous demandons au gouvernement de créer les conditions pour nous, afin qu’on participe au développement de ce pays », a dit Mory CAMARA.
Poursuivant, le Président du Collectif des Étudiants de l’Université Gamal Abdel NASSER de Conakry a déploré le comportement des agents des forces de l’ordre, qui sont intervenus sur le terrain.
« Nous pensons que la police et la gendarmerie sont des forces de l’ordre. Mais fort malheureusement, ce que nous avons remarqué aujourd’hui, il semblerait que sont les forces de désordre. Alors que nous n’avons provoqué personne, nous n’avons commis aucune violence, ils sont venus nous gazer et interpeller plusieurs d’entre nous, dont moi-moi qui vous parle. C’est vraiment regrettable. Il faut que cette façon de faire change », a dit Mory CAMARA.
Avant la libération des étudiants arrêtés, le Directeur général de la police était venu s’entretenir avec leurs collègues qui étaient rassemblés dans le campus universitaire. Le commissaire principal de police Abdoul Malick KONE, qui a dû laisser ses hommes dehors pour avoir accès à l’intérieur de l’université, a expliqué que les interpellations enregistrées s’inscrivaient dans le cadre du maintien d’ordre.
« Quand l’ordre est troublé, on interpelle les gens qui troublent l’ordre public pour permettre aux autres d’exercer leur liberté. Si eux, ils ont la liberté d’aller et de venir, les autres aussi ont leur liberté de marcher, d’aller à leurs lieux de travail. Donc, il ne faut pas bloquer les libertés des uns et des autres. C’est pourquoi ils ont été interpellés. Mais vu que c’était léger, j’ai reçu l’ordre de mon ministre de les libérer. Et c’est ce que j’ai fait avec mes services. Personne n’a été frappé, personne n’a été torturé. Ça ce sont des pratiques d’un autre genre, d’un autre temps », a dit le patron de la police nationale.
A noter que le ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation a dépêché une délégation sur le terrain pour s’entretenir avec les manifestants. Ces cadres ont promis de remonter les revendications des Étudiants au niveau du département pour qu’elles soient examinées et que les décisions nécessaires soient prises.