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Prélèvement de 5% sur le Salaire des fonctionnaires, M. Pépé BALAMOU dénonce une main « des syndicalistes corrompus »

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Créées après de longues années de lutte syndicale en Guinée, l’institut national d’assurance maladie obligatoire (INAMO) et la caisse nationale de prévoyance sociale des agents de l’Etat (CNPSAE) doivent être supportées par les cotisations sociales des travailleurs (5%) et l’Etat (18%). Seulement, depuis 2014, c’est grâce à la subvention de l’Etat (à hauteur de 23%) que ces deux entités fonctionnent. Et apparemment, cette année, l’Etat ne compte pas payer à la place des travailleurs. D’ailleurs, il serait prévu de commencer le prélèvement de ces 5% sur les salaires des travailleurs à partir de la fin de ce mois d’août. Mais, au sein de la classe ouvrière, ce prélèvement annoncé fait déjà grincer des dents. Certains syndicats dénoncent l’inopportunité d’une telle action (en cette période de crise économique et sanitaire) et soupçonnent une volonté des autorités de maintenir les travailleurs dans la précarité. C’est le cas notamment au niveau du Syndicat National de l’Éducation (SNE) où on demande carrément au gouvernement de sursoir à cette mesure.

Dans un entretien accordé chez nos confrères de Guineematin.com ce lundi, 23 août 2021, le secrétaire général du SNE, Michel Pépé BALAMOU, a exprimé sa désapprobation de cette initiative des autorités.

« Le syndicat national de l’éducation s’inscrit dans une posture totale de désapprobation de ce prélèvement de 5% sur les salaires de base indiciaires des fonctionnaires en activité. Pour nous, il n’y a pas eu d’explication, de campagne d’information et de sensibilisation. Les centrales syndicales dites représentative, notamment la CNTG, ont fait une fuite en avant en prenant une équipe et aller se promener en touristes dans les huit régions administratives du pays et en ne touchant pas réellement les vrais travailleurs. Nous nous pensons que ces syndicalistes qui se sont mêlés à cette démarche-là sont des syndicalistes corrompus jusqu’à la moelle des os, des opportunistes qui défendent leurs intérêts personnels et les postes qu’ils occupent dans les différentes institutions sociales… Ils se soucie peu de leurs mandants qui croupissent aujourd’hui dans la misère. Depuis 2017, le salaire du fonctionnaire guinéen n’a connu aucun centime d’augmentation, alors que préalablement à chaque deux ans, qu’il y ait grève ou pas, il y avait toujours une légère augmentation du salaire des fonctionnaires due à la cherté de vie et à la baisse du pouvoir d’achat. Tout récemment, le SNE a prévenu que l’anticipation des examens nationaux à ces deux stratégies machiavéliques : augmenter le prix du carburant à la pompe et prélever les 5% sur le salaire indiciaire des fonctionnaires. Donc, pour des syndicalistes sérieux, l’heure n’était pas au prélèvement d’un salaire qui est sacré et alimentaire. Tous les fonctionnaires en république de Guinée sont endettés jusqu’au cou dans les banques primaires (prêts scolaires, prêts fonctionnaires, crédits flash…) avec des taux d’intérêts exponentiels à hauteur de 14 à 15%. Donc, que ces syndicalistes-là s’associent à l’Etat en cette période de soudure (le mois d’août) pour prélever 5% sur les salaires, ce n’est pas bon. Aujourd’hui, l’heure est aux mesures d’accompagnement, parce qu’il y a eu l’augmentation du prix des produits pétroliers à la pompe. Donc, pour des syndicalistes sérieux, c’était d’interpeller le gouvernement sur les mesures d’accompagnement qu’il fallait apporter, parce qu’aujourd’hui le transport et le loyer ont augmenté, les prix des denrées de premières nécessités ont flambés. Il y a tous ceux problèmes ; et, au lieu que nous syndicats on se rencontre pour parler de ça, c’est d’enfoncer les travailleurs dans la précarité, la souffrance capable de les tuer plus que les maladies contre lesquelles on veut les défendre », s’est indigné Michel Pépé BALAMOU.

A en croire ce leader syndical, le SNE n’est pas opposé à une cotisation sociale allant dans le sens de la prise en charge sanitaire des travailleurs. Mais, il est fermement attaché au respect des préalables qui doivent conduire à cette cotisation. Car, beaucoup d’interrogations subsistent encore cette assurance qu’on miroite aux fonctionnaires.

« La prise en charge médicale existait en Guinée pendant la première république, parce qu’il y avait des élèves qui avaient même des cahiers de visite médicale. Il y avait la dotation des fonctionnaires en denrées de premières nécessités. Mais, il y a eu une rupture depuis 1984. Et, quand il y a rupture depuis plus de 30 ans, il faut tout reprendre. Et, pour cela, il faut un véritable débat national pour qu’il y ait une large communication là-dessus. Et, aujourd’hui, les interrogations par rapport aux préalables que nous nous fixons c’est : Où sont les hôpitaux publics dignes de nom dans les communes, les préfectures, les régions, les sous-préfectures, les districts capables de prendre en charge ces fonctionnaires-là ? Où se trouvent les pharmacies ou les officines publiques où le fonctionnaire va assurer son ordonnance ? Qui doit être pris en charge (le fonctionnaire, sa femme, ses enfants) et à hauteur de combien de pourcent ? Quelles les maladies qui sont pris en charge ? Mais, pour l’instant rien n’est dit là-dessus. Il ne faut pas qu’on se moque de notre intelligence. C’est bien vrai qu’il faut une assurance maladie obligatoire, mais il faut d’abord créer les conditions. C’est comme si vous parlez de logement sociaux, les bâtiments n’existent pas, vous vous commencez à rendre de l’argent avec les gens. Donc, nous nous pensons que le président de la république doit savoir raison gardée. Les syndicalistes qui sont en train de l’induire en erreur aujourd’hui sont les mêmes qui ont induit en erreur le président Lansana Conté en 2006 et 2007. Vous avez vu récemment le cas des transporteurs qui ont désavoué leur syndicat, ils sont allés en grève et sont revenus fixer leur prix. Qu’est-ce que le syndicat des transporteurs a pu apporter au président de la république. Donc, si le président de la république veut de l’accalmie dans le pays, il doit sursoir d’abord à ce prélèvement jusqu’à ce qu’on demande l’avis des personnes concernées. Puisque pour nous, toute assurance maladie qui sera faite pour nous sans nous est contre nous », a martelé Michel Pépé BALAMO.