Plusieurs enseignants en service dans la préfecture de Tougué se plaignent du retard du payement de leurs salaires. Selon certains d’entre eux, qui ont contacté nos confrères de Guineematin.com ce mercredi, 3 juin 2020, tous ceux qui dont les salaires ne sont pas virés à la banque ne reçoivent que tardivement leur argent. La Situation durerait depuis un long moment et ils ont décidé de se faire entendre pour réclamer le payement à temps de leur dû.
« A Tougué, ceux qui sont au billetage sont en train de souffrir parce qu’à chaque fois, les salaires viennent 10 ou 15 jours après le virement. Nous voyons cela très anormale et c’est pourquoi cette fois-ci, nous nous sommes dit qu’il faut dénoncer parce qu’on ne connait pas le motif de ces retards. Peut-être qu’ils (les responsables locaux chargés de les payer, ndlr) sont en train de faire un deal, prendre notre argent et le donner à crédit aux commerçants moyennant un intérêt. Sinon, dès qu’il y a virement, nous estimons que l’argent est disponible. Par exemple pour le mois qui vient de s’achever, il y a eu le virement depuis le 19 mai parce que l’Etat avait anticipé la paye pour assister les gens à l’occasion de la fête de ramadan.
Mais, c’est seulement hier, le 2 juin, qu’on a commencé à payer les enseignants qui sont au billetage à Tougué. Soit plus d’une semaine après la fête. S’il y a virement le 27 du mois, on reçoit nos salaires qu’à partir du 14 du mois suivant. C’est très dur pour les enseignants. Pourquoi nos salaires viennent toujours en retard ? On se pose la question. En principe, dès qu’il y a virement, le trésorier peut prendre son véhicule et envoyer l’argent des gens avant de retourner là où il réside. Parce qu’il réside beaucoup plus à Labé qu’à Tougué », soutient un enseignant concerné, qui a requis l’anonymat.
Interrogé sur cette situation, le trésorier de la direction préfectorale de l’éducation de Tougué, a tenté de se défendre. Pour monsieur Abou CAMARA, ceux qui l’accusent de retarder le payement de leurs salaires n’ont pas la bonne information. « Le virement, c’est la banque qui fait plaisir à ses clients parce qu’elle a des réserves. Donc, elle fait une avance pour ceux qui sont virés pour attirer les autres. C’est-à-dire que les banques n’attendent que la réception du fichier électronique au niveau du ministère du Budget qui sert de garantie, elles avancent les salaires. Le virement est national, de la BCRG de Conakry aux BCRG de l’intérieur. Une fois cela fait, on ne retarde pas. Quelque chose qui ne t’appartient pas, pourquoi tu ne rends pas aux ayant-droit ? J’appelle même les gens pendant la nuit pour qu’ils viennent prendre leur salaire qui est sacré. Des fois, je prends mon propre argent pour payer le véhicule et déposer les salaires », a indiqué notre interlocuteur.
Il reconnaît tout de même les retards dénoncés par les enseignants, mais assure que cela est indépendant de sa volonté. « Je ne connais même pas les commerçants ici, comment faire un deal avec eux ? Ce qui me retarde souvent, c’est le problème de véhicule. Ce qui est dit dans les textes, quand l’argent est prêt, il faut informer le préfet pour éviter les aléas parce que nous sommes toujours ciblés. C’est le préfet qui devrait envoyer son véhicule avec son garde du corps pour m’escorter. Mais des fois, j’ai du mal à faire. Pour ce mois (mai), c’est le mardi que j’ai eu la chance d’aller à Tougué et je suis rentré tardivement », s’est-il justifié. Il ajoute l’impact du coronavirus sur le traitement des dossiers au niveau du ministère du Budget et les restrictions liées aux voyages à l’intérieur du pays comme d’autres facteurs qui causent ces retards.