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Résultats du BEPC 2022: Échecs dans les Écoles publiques, voici comment inverser la tendance ?

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Les résultats publiés par le ministère de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation sont alarmants aux yeux de beaucoup d’observateurs. Dans l’histoire des examens nationaux guinéens, nous constatons que le taux d’admission du CEP est toujours plus élevé que celui du BEPC après le baccalauréat vient en dernière position. Pour la session 2022 cette tendance semble être respectée en tout cas pour le CEP et BEPC. Nous pouvons dire donc les signaux ne sont pas bons pour les futurs bacheliers!

Avec un taux de réussite de 15,04%, des écoles publiques risquent de disparaître dans les centres urbains au profit des privées qui occupent généralement les premiers rangs. L’élève Guinéen est souvent attiré par les taux d’admission des écoles, ces indicateurs constituent pour l’élève et ses parents les baromètres de choix de sa future école.

Dans un pays où les écoles privées sont plus performantes que les publiques, il y aura toujours une éducation de faible qualité. L’État qui a les gros moyens devrait faire en sorte que les écoles publiques dominent les privées en terme de formation, mais très malheureusement nous vivons le contraire dans notre pays depuis une dizaine d’années. Le constat est que depuis l’avènement des privées en Guinée, les premières places sont généralement occupées par les élèves des écoles privées.

Et sur ce, beaucoup pensent que ces candidats bénéficient des aides, mais pas forcément!
Les écoles privées sont pour la plupart caractérisées par:
– La rigueur dans le travail
– Le suivi et contrôle des élèves
– La ponctualité (élèves et enseignants)
– la compétence des enseignants (fondamentale)
– le mécanisme des évaluations
– le contact entre école et parents d’élèves
– le système des révisions spécifique et bénéfique.
Il est très facile d’accuser les privées, mais la réalité est toute autre. La logique selon laquelle les privées sont entrain de frauder pour maximiser leurs chance de réussite est absurde. Acceptons d’admettre qu’elles font également beaucoup des efforts pour la formation de leurs candidats.

Comment voulez-vous que les écoles publiques dominent les privées étant donné qu’il y a des enseignants qui donnent cours dans tous les deux secteurs ils:
– Ne s’absentent que dans les publiques?
– Ne sont assistés que dans les publiques?
– Ne tombent malade que le tour des publiques ?
– Ne viennent en retard que dans les publiques ?
– Ne contrôlent la présence des élèves que dans les privées ?
– N’évaluent correctement que dans les privées ?
Pleins d’administrateurs d’écoles publiques ne prennent pas leurs responsabilités, d’autres peuvent ne pas mettre pieds dans une salle durant toute l’année scolaire.

Le niveau de l’école Guinéenne ne fait que régresser et nous voulons des succès dans les examens. C’est paradoxal !
Le passage est devenu automatique dans les classes intermédiaires (près de 5% d’échec). Ce sont les échecs accumulés dans ces classes qui sont entrain d’exploser dans les classes d’examens. Donc les réformes doivent normalement être orientés en premier lieu dans les basses classes, puis continuer de façon progressive et pérenne!

Oui à l’organisation des examens sans fraude, mais la formation d’abord.
Oui à la rigueur, mais des enseignants compétents d’abord.
 Oui à la fermeture des écoles privées qui trichent, mais construisez des écoles publiques d’abord
 Oui à des sujets de qualité, mais revoyez les programmes d’enseignement d’abord.
 Oui à l’opération de prestation de serment, mais la méthodologie de sélection des surveillants d’abord.
 Oui il y a des véritables problèmes dans certaines privées, mais redynamisez d’abord l’enseignement public.

Monsieur le ministre, le manque d’enseignants est criard surtout au niveau rural. Cela peut facilement expliquer le taux d’échec très élevé dans ces zones.
Avec une politique efficace pour la qualification de l’école guinéenne, L’État doit:
• Recruter des enseignants qualifiés
• Former les formateurs
• Rémunérer bien les travailleurs
• Contrôler les employés
• Réadapter les modes d’évaluations
• Concurencier les privées

À quand un système éducatif performant en Guinée ?

Alpha Mamadou Tolo Bah,
Enseignant et analyste du système éducatif