Les Épreuves du Baccalauréat session 2021 ont pris fin, la semaine dernière en Guinée. Des couacs ont été enregistrés par endroits, en dépit des dispositions prises par les autorités de l’Éducation. Quelles appréciations le ministère de l’Éducation fait-il du déroulement de cet Examen ? Comment se fera la Correction des Épreuves ? Les résultats seront-ils proclamés après les deux semaines ? Le Directeur National de l’Enseignement Secondaire et Président du jury National de Correction du Baccalauréat 2021 a accepté de répondre aux questions de nos confrères d’Africaguinee.com.
AFRICAGUINEE.COM : Quelles appréciations faites-vous sur le déroulement du Bac cette année ?
ABDOULAYE DIAROUGHA DIALLO : Je suis très satisfait du baccalauréat 2021. Les objectifs qu’on s’est fixés, pratiquement on les a atteints. C’est d’abord d’appliquer les textes de règlement généraux, la participation de l’enseignement supérieur, une liste de candidats bien assainie et un passage de l’épreuve meilleur que l’année 2020. C’est-à-dire, qu’il y ait moins de fraudes dans les centres. L’année dernière c’était 800 téléphones qui ont été confisqués rien que dans les centres de Conakry, et pour cette année, à Conakry centre on est à moins de 100 (…). Donc, plus ou moins, on a réussi à réduire l’utilisation du téléphone. Il y a eu moins de fraudes parce que l’objectif est d’amener le système à réduire ou à empêcher les enfants de frauder. On aimerait que les enfants composent pour qu’on puisse avoir des acquis des enfants pour que ceux qui méritent puissent être admis et que ceux qui n’ont pas le niveau reprennent ou s’orientent.
Des appareils ont été saisis lors des examens et le MEN-A a demandé à ce qu’ils soient amenés à Conakry. Pour quoi faire ?
Ce n’est pas pour que les propriétaires viennent les récupérer ici qu’on l’a dit. Parce que lors que vous êtes en tentative de fraude ou en fraude par un appareil téléphonique, on va les amener ici sous forme de saisie. Dans les conditions normales leur destruction va avoir lieu mais la destruction doit être sur le plan administratif et juridique. C’est pour cela qu’on a demandé qu’ils soient transférés à Conakry.
Si on prend des dispositions, on paie même des détecteurs des métaux et qu’un enfant se permet d’aller avec son téléphone, ça veut dire qu’il ne se fiche pas mal des mesures qu’on prend. Et nous pensons qu’il faut qu’on arrive à moraliser complétement les examens.
Certains demandent l’annulation du Bac dans certains centres pour de cas de fraudes avérées. Qu’est-ce que vous en dites ?
Lorsque vous êtes en train de bâtir un système, il y en qui pensent que c’est de la blague. Ils oublient qu’un enfant qui a passé une année de cours, qui arrive après 13 ans en terminale et qui attend d’avoir son baccalauréat pour passer à autre chose, il y en qui s’amusent avec ça. La fraude, elle est universelle. Si c’est un individu qui fraude, c’est moins grave. Mais pas que le système qui organise la fraude. Lorsque c’est des enseignants qui organisent des rédactions, des gens laissent passer des documents dans les centres, là c’est le système qui est en train de frauder. Il faut lutter contre ça et c’est l’une des batailles aujourd’hui qu’on est en train de faire. Et on est fier de dire que cette année le système a accepté cela.
Maintenant, lorsque vous avez enregistré des cas de fraude dans un, deux, cinq ou même dix centres, ça ne veut pas dire que tout est mauvais. Annuler le Bac à cause de cela, c’est faire du tort à ceux qui ont travaillé consciencieusement.
En cas de copie identiques, qu’est-ce qui est envisagé ?
La fraude ne se fait pas seulement dans le centre. On a descellé même pendant la correction. Tout ce qui est copie identique, lorsque le correcteur le découvre, c’est comme s’ils ont échangé les brouillons dans la salle, ces élèves sont considérés comme des voleurs. Le processus du contrôle ne s’arrête pas après les épreuves, ça continue jusqu’à la fin.
Des surveillants renvoyés seront-ils mis à la disposition de la justice ?
Non, cela n’est pas prévu. Il y a eu beaucoup de surveillants qui ont été renvoyés. Dans une préfecture, il y a eu 13 qui ont été renvoyés. Parce que lorsqu’il y a un cas de fraude dans votre classe ou dans votre salle, si ce n’est pas vous le surveillant qui l’avez descellé, vous partez avec lui.
Quelles sanctions vont-ils subir alors ?
Les sanctions sont graduelles. Lorsque c’est par manque de vigilance que l’enfant est parvenu à la fraude, là, vous avez une sanction d’un à trois ans de non-participation aux examens. Maintenant, si vous êtes acteurs de la fraude, là c’est le conseil de discipline qui va siéger et là il y a des sanctions qui vont aller jusqu’à des poursuites. Parce qu’en ce moment ce n’est pas à l’élève seulement que vous avez nui, mais vous avez nui à tout le financement qui a eu lieu pour sa formation. Il faut que les gens comprennent que pousser les enfants à la fraude, c’est vraiment nuire au système. Et aujourd’hui, l’objectif majeur c’est d’abord amener le système à être plus sérieux, plus honnête et qu’il ne fraude pas ou qu’il ne l’encourage pas, qu’il ne participe pas à la fraude mais l’empêche.
Comment se fera la correction ?
La correction du baccalauréat ne change pas. La seule chose qui change c’est la participation de l’enseignement supérieur parce que la première chose qu’on a tenue, c’est l’application des règlements généraux en vigueur. C’est-à-dire que le président de la coordination de la correction soit un cadre de l’enseignement supérieur, un docteur, un doyen de facultés ou en tout cas un enseignant à l’université. Ensuite, il y a aussi ceux qui sont membres de cette coordination. Après, toutes ces commissions de coordination de discipline, sont présidées par des professeurs d’université. On a sollicité l’enseignement supérieur et ils ont donné les meilleurs cadres qu’ils ont. Ils vont présider l’ensemble de la correction des différentes copies. Ensuite les inspecteurs disciplinaires, les inspecteurs généraux vont acheminer le reportage et tout ce qui va se passer par commission. Cette année, on a choisi exceptionnellement de donner 175 copies à ceux qui corrigent les disciplines scientifiques. C’est une façon d’éviter la surcharge des correcteurs.
Pouvez-vous nous dire à quand la date de publication des résultats ?
Pendant longtemps on a dit qu’on va faire comme le reste des autres pays, c’est-à-dire, deux semaines après les épreuves on proclame, c’est la course contre la montre. Or, ce n’est pas la course contre la montre, c’est la qualité qui importe. Nous ne sommes pas comme les autres. Vous avez des pays où il n’y a pas d’anonymat, le problème de secrétariat n’existe pas, la copie qui quitte la salle va directement chez le correcteur. Les enseignants peuvent corriger sans regarder le nom ou l’origine du candidat. Si vous faites ça ici ça va être une catastrophe. On est donc obligé de passer par un système d’anonymat pour que le correcteur n’arrive pas à connaitre l’identité du candidat et tout cela prend du temps.
Donc, je ne peux pas dire, dans un pays où les correcteurs sont dans le centre à côté dès que l’épreuve finit on envoie, ils corrigent et les relevés sont là pour relever, on ne peut pas comparer ça à un système d’anonymat où la correction est centralisée, toutes les copies doivent arriver à Conakry etc. C’est ce qui a été l’une des erreurs qu’on a eu à prendre par le passé. On a voulu que les résultats soient publiés très vite, certains parents aussi nous mettent la pression.
Or, l’objectif du ministère aujourd’hui c’est de qualifier l’enseignement apprentissage pour que quand l’enfant arrive en terminal, il a le baccalauréat, qu’il ait le niveau. La plupart des admis quand ils ont la licence, ils cherchent une moto et font taxi dans la ville après un investissement de plus de 16 ans. Si l’enfant est bien, il va continuer et ne va pas s’arrêter au niveau licence, il va avoir son master ou chercher à se performer. Ainsi, il aura les capacités de s’investir sur lui-même.