Le lundi 15 juin 2020, le chef de l’État dans son adresse à la nation, a prorogé et allégé l’état d’urgence sanitaire en autorisant surtout la réouverture des classes d’examen pour le 29 juin 2020. Les enseignants des écoles privées qui vivent depuis près de quatre mois, la mauvaise facette de la vie par manque de salaire et dans l’expectative de la réouverture des classes, ont salué cette volonté politique du chef de l’État. Mieux, l’arrivée de Docteur Bano BARRY à la tête du département de l’Education, refixe les espoirs de voir notre secteur connaître de vraies réformes.
Cependant , certains enseignants mal intentionnés se sont inscrits dans une posture va-t-en-guerre, farfouillant les quartiers à la recherche des Enseignants déjà vulnérables pour aggraver leur situation en leur invitant à envahir les Ecoles à la réouverture prochaine.
La Plateforme des Enseignants des Écoles Privées de Guinée PEEPG, compte tenu des perturbations dûes aux grèves politiques et syndicales qu’ont connues nos Ecoles, soucieuse de l’avenir de nos Elèves, se fondant sur la spécificité de chaque Ecole, trouve inopportune toute malversation dans le secteur de l’Education privée et demande à tous les Enseignants de ne pas se laisser manipuler par les personnes qui ne pourront rien faire pour nous en cas de conséquences néfastes.
Notre secteur est si complexe que le responsable de toutes ces tares n’est que l’État et non ces Fondateurs qui ne sont que des pêcheurs dans l’eau trouble. Qui a troublé l’eau ? Voilà la vraie question à se poser en tant qu’intellectuels. L’unique et la seule cause de notre souffrance est l’État qui a fait de ce secteur un foutoir et l’a donné aux personnes animées uniquement de sentiments ce matin pourapitalistiques; se souciant peu de nos conditions de vie et de travail, de la bonne formation des élèves, ne pensant qu’à thésauriser au prix de nos peines.
Nombreuses sont ces écoles qui nous exploitent et nous maintiennent toujours dans un état de précarité , de travailleurs inassouvis. Combien sommes nous réduits de nos jours à pratiquer des activités indignes de nous pour subvenir à nos besoins ? Combien sommes nous à supporter les caprices et brimades dans ces écoles à cause de notre vulnérabilité ? Pensons nous que la réclamation violente des salaires polémiqués suffit à éradiquer les problèmes qui assaillent notre secteur ?
La plateforme dit non et pense que la solution plus sûre et plus durable se trouve dans la capacité qu’on aura à poser objectivement, intelligemment l’équation douleureuse de nos difficultés. Il faut sortir du sensationnel pour aller sur le terrain rationnel.
La plateforme n’est guère contre toute réclamation , mais contre la manière qui n’est pas du tout catholique. Demander aux Enseignants d’envahir les cours des Ecoles pour réclamer les salaires est loin de correspondre à notre statut. Ne laissons pas notre secteur être le point de chute des personnes appartenant à des organisations qui sont aujourd’hui sous éteignoir ou tombées en désuétude.
Cette crise doit être pour nous une opportunité de refonder les structures de notre secteur, pour amener nos autorités à être regardant de notre secteur et pour redonner à notre profession toute sa noblesse. C’est ce qui devrait être notre leitmotiv au lieu de faire du tambour battant autour de l’effet et non la cause.
La gangrène est telle qu’il nous faut agir avec beaucoup de tact et d’intelligence. Les positionnements belliqueux et subjectifs ne sauraient résoudre cette crise durablement sinon créer les conflits entre employeurs et employés. Considérer les fondateurs comme entièrement responsables de ce que nous vivons est une erreur interprétative de la réalité. D’ailleurs n’ont – ils pas contribué à employer les jeunes ?
Nous sommes nous mêmes, en partie , responsables de ce triste sort qui nous est réservé aujourd’hui. C’est nous qui acceptons d’être recrutés par copinage, par amitié ,par parenté, c’est nous qui acceptons travailler sans préalable juridique, c’est nous qui nous donnons les coups bas dans ces écoles pour des intérêts égoïstes, c’est nous qui sommes divisés quand il s’agit de défendre l’idéal commun par orgueil , par mépris de l’autre,…
C’est pourquoi, la Plateforme des Enseignants des Écoles Privées de Guinée, voulant pallier à cette crise immédiate et la gérer à la racine, a non seulement invité les fondateurs à ouvrir les couloirs de négociation avec leurs travailleurs pour voir ce qui peut satisfaire les deux parties et permettre une sortie de crise honorable, mais aussi s’est engagée sous les auspices et la clairvoyance du Syndicat National de l’Education, dans des démarches auprès des autorités administratives et parlementaires avec des propositions concrètes pour soigner définitivement le mal du secteur de l’Enseignement privé pour que plus jamais ça.
La Plateforme prône un syndicalisme pacifique et intelligent comme unique tremplin pour que rayonne l’école guinéenne. Elle exhorte aussi chaque enseignant à réfléchir objectivement pour ne pas faire un saut dans l’inconnu. Nous n’avons pas un même payeur, nous ne saurons donc réussir dans le forcing .
Par ailleurs, la plateforme reconnaît à chacun le droit de grève, mais invite les Enseignants qui voudront aller dans ce sens de rester tranquillement chez eux, de ne pas se rendre dans les Ecoles pour semer le trouble comme le veulent les initiateurs. Car, ces Ecoles sont des biens privés.
Vive la Plateforme des Enseignants des Écoles Privées de Guinée PEEPG
Vive le Syndicat National de l’Education SNE
Vive l’unité syndicale.
Vive le syndicalisme pacifique et intelligent.
Vive l’école guinéenne