Mme Pierrette TOUPOU, ancienne Directrice préfectorale de l’éducation (DPE) de Macenta, et Massa ZOUMANIGUI, Enseignant dans la même préfecture, sont jugés pour faux en écriture publique. Leur procès s’est ouvert dans la journée d’hier, mardi 3 janvier 2023, au tribunal correctionnel de Kaloum, dans la capitale guinéenne.
A la barre, les deux prévenus ont nié les faits mis à leur charge, a constaté un reporter que Guineematin.com avait dépêché au tribunal.
C’est une affaire qui remonte à l’année 2017. Moussa ZOUMANIGUI, partie civile dans cette affaire, se disant titulaire du PV 399, déclaré admis au concours de recrutement d’enseignants organisé en 2016 par l’État guinéen, s’est vu empêcher d’exercer dans sa zone d’affectation, à la sous-préfecture de Souamè, à Macenta. Il accuse Pierrette TOUPOU, actuellement conseillère au ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation (MEPUA) d’être à l’origine de la prétendue magouille. Pourtant, il soutient avoir obtenu un numéro matricule, un arrêté d’engagement à la fonction publique et une décision d’affectation du même ministère.
Dans sa déposition à la barre, Moussa ZOUMANIGUI accuse Mme Pierrette Toupou, DPE de Macenta à l’époque, d’avoir usé de manœuvres pour attribuer son matricule à Massa ZOUMANIGUI.
« Après ma formation à l’Ecole Normale des Instituteurs (ENI) de N’zérékoré en 2015, j’ai été affecté dans une sous-préfecture à Macenta en tant que contractuel. Je suis resté là-bas jusqu’à en 2016 quand l’État a annoncé un concours de recrutement à la fonction publique. Je suis allé à N’Zérékoré avec certains amis contractuels. Après inscription, nous avons tous reçu un PV, dont le mien est 399. Il y avait 5 centres à N’zérékoré. Moi, j’étais dans le 5ème centre, à l’école Général Lansana Conté, dans la salle 5. Après le concours, les résultats ont été affichés à la DPE. C’est ainsi que j’ai pris ma moto pour venir voir. Effectivement, j’ai vu mon nom et mon PV sur la liste des admis. Et, s’en est suivi un arrêté d’engagement, une décision d’affectation… Tous les admis ont été affectés, y compris moi-même. Quand je suis arrivé dans ma zone avec ma note de service, le même jour, madame Pierrette Toupou, à l’époque DPE, a appelé le sous-préfet pour lui dire de me récuser. Madame la directrice m’a appelé, me disant de revenir à Macenta parce qu’ il y avait un problème. Quand je suis arrivé à Macenta le lendemain, elle m’a dit de surseoir à tout parce que quelqu’un du nom de Massa Zoumanigui est venu réclamer mon PV comme étant le sien. Elle m’a dit de croire en Dieu. Après toute vérification, s’il s’avère que le PV m’appartient, qu’elle n’hésitera pas de me rétablir dans mes droits et si le contraire se produisait, c’est Massa Zoumanigui qui va bénéficier de mon salaire. Pour ne pas rester bras croisés, j’ai continué à donner cours là où j’étais contractuel. Le mois qui a suivi, le premier salaire est venu à mon nom (Moussa Zoumanigui). Mes amis m’ont appelé pour m’informer. Quand je suis arrivé à la DPE, la directrice m’a dit qu’elle ne peut toujours pas me donner mon argent. Je me suis dit alors qu’il me faut aller à l’Inspection régionale de l’éducation de N’zérékoré. Ils ont vérifié là-bas et ils ont vu dans le fichier que c’est bien moi le titulaire du matricule et que le salaire vient à mon nom. Quand ils ont appelé madame la DPE, elle a dit aux gens-là de me laisser revenir, qu’elle va régler le problème ».
N’ayant pas obtenu gain de cause sur place, Moussa ZOUMANIGUI a entrepris d’autres actions pour être rétabli dans son droit. « Quand je suis arrivé à Conakry, avec l’aide de M. Koly, j’ai été au Ministère de la Fonction publique pour vérification. Il s’est avéré que c’est moi qui suis le titulaire du matricule admis et c’est à mon nom que le salaire venait de 2017 à 2020. Madame Pierrette a usurpé mon numéro matricule au profit de Massa Zoumanigui. Elle a profité de sa nomination récemment comme conseillère du ministre de l’Éducation nationale et de l’alphabétisation pour modifier mon prénom Moussa par Massa par l’entremise du chef de cabinet dudit ministère. Avec ce dernier, elle a fourni un faux arrêté rectificatif pour remplacer mon prénom Moussa à Massa », a-t-il martelé.
De son côté, le prévenu, Massa ZOUMANIGUI, enseignant dans la préfecture de Macenta a soutenu mordicus être le titulaire du PV 399. Il a dit être surpris de voir le prénom Moussa devant son nom et son PV le jour de la publication des résultats. Il jure que c’est lui le véritable admis de ce concours et qu’il y a eu une erreur de frappe sur son prénom.
Le tribunal a renvoyé l’affaire au 17 janvier 2023, pour la comparution des témoins cités par les deux parties, à savoir la défense et la partie civile.
Guineematin