En raison de la pandémie qui frappe le monde de plein fouet, beaucoup de pays ont initié des cours à distance pour les élèves. La Guinée à l’instar de ces pays a décidé de leur emboîter le pas en créant un programme spécifique d’apprentissage pour les élèves des classes d’examens. Ces élèves vont devoir suivre les cours à la télévision nationale (RTG) chaque jour à partir de 16h. Ces cours à distance qui ont débuté il y a quelques jours peinent à être suivis par les élèves pour des raisons diverses : le manque de courant électrique dans les quartiers pendant les heures retenues pour la diffusion des cours, la non assimilation des cours dispensés.
Ce qui est hallucinant dans cette situation, c’est quand on dit que les élèves qui sont à l’intérieur du pays sont concernés, sachant bien que dans certaines préfectures, surtout dans les coins les plus reculés, les gens n’ont accès ni à la radio, ni à la télé. La question que bon nombre se pose est, est-ce que le ministère en charge de l’éducation nationale a bien réfléchi en prenant cette décision ? Même si dans certains pays cette méthode a fonctionné, contrairement à la Guinée, elle est loin d’être applicable. Comme disent les gens « il est bon de copier, mais savoir copier est meilleur ». Depuis que ce régime est venu, il ne fait que copier les autres. On attend que les autres pays prennent des actions pour emboîter le pas comme si le pays ne regorge pas de cadres qui sont capables de s’asseoir, prendre des décisions qui peuvent être bénéfiques pour le pays. Tout porte à croire que cette décision qu’a prise le ministre de l’éducation est anti pédagogique parce que, qui parle d’enseignement, parle de l’interactivité, d’échange entre maître et élève. Quand un élève n’a pas la possibilité de poser des questions à son maître, cela ressemblerait à un jeune qui passe tout son temps à regarder des matchs de football, espérant un jour devenir joueur. Ça n’aura aucun impact sur la formation de l’élève. À cela s’ajoute le faible niveau des élèves, qui ont du mal à assimiler les cours qu’ils reçoivent à l’école. En plus, les élèves guinéens ne sont pas initiés à la projection des cours.
Ousmane DIALLO, professeur de mathématiques ne voit pas l’aboutissement d’un tel projet. « Moi personnellement, je ne crois pas à ça pour plusieurs raisons. Beaucoup parlent de manque d’énergie ou bien il y a des foyers qui n’ont pas des postes téléviseurs. Çà c’est une faille, pas d’énergie à l’intérieur surtout au niveau des préfectures. Mais au-delà du manque d’énergie, il y a le faible niveau des élèves. Comparaison n’est pas raison. En tant qu’enseignant je connais les difficultés que nous rencontrons dans les écoles, les enfants n’ont pas le niveau. Vous mettez aujourd’hui un élève de la 10eme année ou de la terminale devant un écran pour suivre un cours de mathématique, même si vous le laissez là-bas durant toute la journée, il ne va rien comprendre, ça va pas tellement impacter sur sa formation. En plus l’élève ne peut pas poser des questions sur ce qu’il n’a pas compris. Ce n’est pas la solution adaptée pour la Guinée. » A déploré cet enseignant.
Ousmane DIALLO voit comme solution, la réouverture des écoles à défaut créer des groupes de WhatsApp pour créer l’interactivité afin de donner la possibilité aux élèves de poser des questions aux maîtres qui leurs donnent les cours, comme lui il est en train de le faire « La meilleure solution c’est l’ouverture des écoles, mais on peut aussi faire par exemple avec les applications de wathsAapp. Moi j’ai ouvert un groupe avec mes élèves, on travaille, je donne des exercices par rapport au programme qu’on a déjà étudié, ce qu’on n’a pas étudié je ne touche pas. Pour ne pas que les élèves tombent dans l’oublie, pour les occuper, je leur envoie dès exercices par série, je leur demande de traiter les exercices sur des copies et me les déposer. Ils déposent les copies chaque vendredi à l’école, je récupère les copies et je les corrige. Maintenant j’envoie les réponses et les explications à travers une vidéo que je distribue à chaque élève >> A-t-il indiqué.
Beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que la création des cours à distance n’est pas la meilleure solution pour la Guinée. La majeure partie des enseignants rencontrés qualifient cette méthode de diversion. Ils disent que la seule chose qui faciliterait la situation, c’est la réouverture des salles de classe même si c’est pour ceux qui font les examens, tout en respectant les mesures barrières édictées par le ministère de la santé : Installer des kits de lavage des mains devant chaque porte, exiger une place fixe pour chaque élève, exiger le respect de la distanciation, s’il faut même départager les élèves en des groupes pour pouvoir limiter le nombre.
Comme disait un enseignant, toutes ces solutions énumérées ne sont que des pistes que l’Etat pourrait explorer, mais le dernier mot lui revient.