J’ai décidé de m’adresser à mes nombreux jeunes frères et sœurs qui, depuis ce soir ont sûrement l’impression que le ciel leur tombe dessus, suite à leur non admission au baccalauréat 2022. Recevez toute ma solidarité ainsi que celles de beaucoup d’entre-nous qui souffrent de voir, presque toute une génération recalée.
Je voudrais vous dire que: vous pouvez ne pas être admis au bac et réussir votre vie! Les exemples foisonnent. Les hommes les plus riches du pays, n’ont tous pas fait de grandes études. Ceci n’est pas une façon de vous encourager au décrochage scolaire.
Nous devons tout un chacun contribuer à encourager nos frères et sœurs à se tourner vers l’enseignement technique et professionnel. Nous devons avoir le courage de leur dire qu’il y a beaucoup d’entre-nous qui souffrent depuis plusieurs années avec leurs diplômes de droit, banque et assurances, sociologie, communication, administration des affaires, gestion, ressources humaines, MIAGE sans débouchés. Pendant ce temps, l’apprenti menuisier, qui n’a appris que sur le tas, sans aucune formation adéquate, en cinq ans est devenu autonome, le jeune vitrier, plombier, mécanicien, électricien, maçon, tôlier (pour ne citer que ces filières) est devenu maître et se prend en charge sans attendre que l’Etat lui offre un job.
Notre société a formaté nos esprits à telle enseigne que nous pensons désormais que la réussite se définit par l’obtention du diplôme universitaire, ou par le fait d’être dans un bureau, en costume cravate.
Il faut que les autorités du secteur éducatif, précisément les Ministres Guillaume Hawing, Dr Diaka Sidibé et Alpha Bacar Barry (mention spéciale à eux), travaillent de concert à faire le BRANDING de l’enseignement TECHNIQUE et PROFESSIONNEL, à travers une forte sensibilisation des jeunes sur les enjeux du moment et les énormes opportunités en terme d’emplois. Penser également à créer de nouvelles filières comme l’Infographie qui paie énormément en ce moment, vu le besoin et la rareté de bons profils.
Que les jeunes sachent que notre pays est en chantier et qu’il a beaucoup plus besoins d’ouvriers qualifiés que de juristes déjà suffisamment déversés sur le marché avec des diplômes sans réelles qualifications, de banquiers qui ne savent pas pour la plupart comment fonctionne un guichet automatique, de gestionnaires comptables ou de financiers qui ne parlent pas anglais, ne maîtrisent pas les outils informatiques et souvent obligés de faire un détour à Accra avant d’avoir une chance d’accéder à un stage.
Je connais également des étudiants qui ont fini l’université et qui se sont réinscrits dans les écoles professionnelles, pour apprendre des métiers convoités sur le marché de l’emploi.
L’échec au bac n’est pas la fin d’une vie. Servez-vous en, et prenez un nouveau départ avec à l’esprit que, quoi qu’il arrive, il faut que vous rendiez fiers ceux qui ont investis en vous, vos parents!
C’est le message que j’ai passé aux deux dernières filles de ma mère, qui ont toutes échoué cette année.