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Droit de réponse à mon grand frère Ahmed KOUROUMA sur le voile à l’École

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Cher Grand frère, c’est avec un intérêt très particulier et un entonnement ardemment que nous avons suivi votre sortie sur l’une des émissions très écoutées sur place (Grande Gueule ) le 1 juin 2022, en tenant sur votre argument peu fondé à l’égard de candidates voilées dans les milieux scolaires et académiques. En effet, la laïcité deviendrait-elle une religion en soi ou un instrument discriminatoire contre des pratiques religieuses notamment : le port du voile en islam ?

En principe, la laïcité, comme mode vie, se définit en droit, comme le « principe de séparation dans l’État de la société civile et de la société religieuse » et « d’impartialité ou de neutralité de l’État à l’égard des confessions religieuses ». La laïcité s’oppose à la reconnaissance d’une religion d’État. Toutefois, le principe de séparation entre l’État et les religions peut trouver des applications différentes selon les pays. La région est enseignée en Allemagne, le signe religieux ne sont pas interdits en Grande-Bretagne et dans tant d’autres pays.  Cher grand frère,

Au Niger, Sénégal, la Côte d’ivoire, en turque dont tu étais en séjour toute la semaine dernière, au Burkina Faso, le voile n’est pas diabolisé à l’école. Il y a une décision qui l’autorise « L’arrêté ministériel n°2014-106/MES/SG du 02 avril 2014 autorise le port du voile islamique dans les établissements d’enseignement secondaire ». Je ne pense qu’il est un pays islamique,

L’exemple d’interdiction est France, il a fallu une loi spéciale pour interdire le voile dans les établissements d’enseignement. En effet, c’est la loi du 15 mars 2004. Cette France est-elle un modèle!!!. 

Aujourd’hui, dans notre pays la République de Guinée notamment, ce phénomène constitue de se faire sentir très paradoxalement, une nation à plus de 85% de populations musulmanes, les pratiquants de cette religion ont du mal à exercer leur liberté de religion et d’opinion. Dans ses articles 8, 10, 15, 21, 23 la Charte de Transition guinéenne reconnait des libertés et droits fondamentaux aux citoyens notamment : liberté d’opinion, de religion et leurs exercices et met en garde précisant dans son article 8, alinéa 2 qui stipule qu’« aucune situation d’exception ou d’urgence ne doit justifier les violations des droits humains». Normalement, aucun arrêté ou décision ne doit mettre en cause un droit constitutionnel au nom de l’école, on veut une école dont tout le monde se reconnaît et que cette école serve des uns et d’autres un meilleur milieu d’apprentissage et d’acception dans le paradigme de tolérance, de la constance et de brassage cultuel et culturel.

Cher grand frère, nos sœurs sont marginalisées, discriminées à cause du voile pourtant une prescription religieuse, un devoir à accomplir dans l’exercice de leur foi islamique.

Tels que consacrés par la déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 26 août 1978 dans son article 26 qui stipule: « les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants » et dans son article 10 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi », les autorités doivent privilégier l’éducation qui demeure le socle de tout développement d’une manière générale, et particulièrement celle des jeunes filles qui sont les mères de la société.  

Le principe de la laïcité tel que ça nous a été définit ne devrait pas être un instrument discriminatoire ou un moyen de traitement sélectif de deux poids deux mesures dans la mesure où les pratiques religieuses notamment l’islam prône pour la paix, la cohésion, les comportements et l’éducation de la société. Mais à voir l’évolution des choses et aussi les agissements de nos dirigeants, on nous prouve du jour au lendemain des actes purement contradictoires opposant les textes aux réalités des faits.

La République de Guinée, un pays majoritairement musulman, paradoxalement a du mal à tailler ses propres lois à l’image de ses pratiques, ses valeurs et sa propre culture. Sinon quoi, le port du voile est loin d’etre un fait du hasard, il n’est point un simple geste de divertissement mais plutôt un devoir ou une obligation religieuse et culturelle dont des mesures appropriées peuvent etre prises par le Gouvernement qui est diffèrent d’une discrimination vis-à-vis des citoyennes qui sont dans l’accomplissement de leur choix de culte reconnus et protégée par des règles nationales et internationales.

Nous saurons convaincus que nos autorités de la transition avec leur bonne volonté et esprit patriotique de la refondation, mesureront nos inquiétudes et engagement pour la construction d’un Etat de droit pour la paix, la solidarité et la quiétude grâce au respect des devoirs, droits et libertés fondamentales gage d’un développement durable.

Cher grand frère, vouloir interdire le voile ou stigmatiser celles qui le portent ne fait qu’isoler ces dernières et mettre en cause l’éducation d’un grand nombre de jeunes, chose qui n’est pas souhaitable, il est préférable de tolérer le voile qui est avant tout un signe de bonne éducation depuis ses siècles déjà intégrer dans notre société. Notre éducation a suffisamment de défis à relever qui vont au-delà de l’interdiction de porter un tissu qui ne constitue aucune menace ou danger.

 Mansaré IbrahimBanquier et Consultant en Finance IslamiquePorte-parole de l’Union des écoles franco-arabes de Guinée