En plein cœur de la Guinée, le corridor des chimpanzés de Bossou, s’étendant sur 350 hectares, incarne une initiative exemplaire de reboisement et de conservation. Ce projet, porté par l’Institut de Recherche Environnementale de Bossou (IREB), vise non seulement à protéger les chimpanzés, mais également à impliquer les communautés locales dans la gestion durable de leurs ressources.
Aujourd’hui, le corridor des chimpanzés de Bossou est devenu une forêt primaire et un modèle de restauration forestière en savane, situé entre les villages de Serengbara et Nyon. Ce corridor représente un exemple encourageant pour les communautés rurales de la région, leur offrant une source d’inspiration pour restaurer leurs propres forêts. Notre rédaction a souhaité explorer les enjeux et l’importance de cet aménagement, en se tournant vers le M. Paul LAMAH, Directeur Général de l’IREB.
Le Dr LAMAH explique que cet espace de 350 hectares comprend environ 170 hectares reboisés. « Cette année, nous avons reboisé 28 000 plants forestiers et déjà reboisé plus de 28 hectares. De plus, nous avons 30 000 pépinières de différentes espèces forestières », précise-t-il. Il souligne que la mortalité des plants peut affecter ces chiffres, mais l’engagement envers la biodiversité reste fort.
Les espèces choisies pour le reboisement sont stratégiques : le Wakapa Hèdelothy, le Tratrislomome, et d’autres variétés, qui répondent aux besoins des chimpanzés pour la nidification, l’alimentation et des usages thérapeutiques. « Ce choix n’est pas fortuit », explique le M. LAMAH « Nous prenons en compte leur adaptation aux conditions édapho-climatiques et leur croissance dans le corridor. »
Un aspect crucial de ce projet est la participation des communautés riveraines. L’IREB soutient ces communautés en leur fournissant des plants agroforestiers tels que des palmiers à huile, du café, du cacao et des anacardes. « Notre objectif est double : d’une part, cela leur permet de diversifier leurs sources de revenus et, d’autre part, ces plantations créent une ceinture de protection contre les feux de brousse », souligne-t-il.
En effet, en cultivant autour du corridor, les agriculteurs deviennent des gardiens indirects de cet espace vital.
Le M. Paul LAMAH insiste également sur l’importance d’une gestion participative. Avant d’installer de nouvelles pépinières, l’IREB consulte les agriculteurs pour comprendre leurs besoins. « La meilleure aide que tu peux apporter à quelqu’un, c’est de lui donner ce qui lui est utile », affirme-t-il, reflétant l’approche collaborative adoptée avec les communautés locales.
Ainsi, le corridor des chimpanzés de Bossou ne se limite pas à la protection d’une espèce menacée ; il incarne également une stratégie de développement durable. En alliant conservation et soutien aux populations locales, ce projet pourrait bien servir de modèle pour d’autres initiatives similaires à travers la région, favorisant une coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature.
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