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Ibrahima Sory DOUMBOUYA, étudiant en Égypte : « Ce que nous reprochons à l’ambassade et au service des bourses extérieures… »

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En Egypte, une grosse magouille entoure la gestion des bourses des étudiants guinéens orientés dans ce pays arabe, selon le président du Comité Électoral Étudiant Indépendant de l’UEGE (Union des Étudiants Guinéens d’Égypte). Ibrahima Sory DOUMBOUYA explique dans un entretien accordé à Africaguinee.com qu’entre les instructions du Service National des Bourses extérieures et ce que fait l’Ambassade de Guinée en Egypte, il y a tout un fossé. Cet étudiant boursier réagit aussi à certaines déclarations du directeur général du SNABE dans les colonnes d’Africaguinee.com.

AFRICAGUINEE.COM : Que reprochez-vous à la direction du service national des bourses extérieures ?

IBRAHIMA SORY DOUMBOUYA : Premièrement, c’est par rapport au nombre d’années. Dans l’interview qu’il vous accordée, il a indiqué la durée des bourses octroyées aux étudiants guinéens d’Egypte sans autant tenir compte des autres facteurs. La première des choses je demanderais au Directeur général du SNABE, c’est de ressortir ne serait-ce qu’un seul étudiant qui a fait 25 ans en situation de boursier. La seconde, je voudrais aussi dire que dans toute situation il y a des exceptions. La durée des études en Egypte, une partie de cette responsabilité peut être attribuée à nos autorités. Du SNABE jusqu’à la Présidence de la République. Tous les bureaux d’étudiants qui se sont succédé ici en Egypte ont fait des efforts afin que nous puissions rétablir ce que nous appelons l’équivalence des diplômes. Entre le diplôme guinéen, précisément le BAC avec celui de l’Egypte. Il y a des pays qui nous ont précédés dans cette procédure. C’est le cas du Nigéria, Sénégal… mais la Guinée, malgré les efforts des bureaux qui se sont succédé on n’a pas eu gain de cause.

Par rapport donc à la durée, je voudrais dire, quand un étudiant guinéen vient en Egypte, du fait qu’il n’y a pas l’équivalence, il est soumis à un test. A l’issue de ce test, certains peuvent se retrouver au niveau primaire, d’autres au secondaire, plus chanceux c’est au lycée. Alors essayez de comptabiliser ces nombres d’années. Alors, nous étudiants n’avons pas été que des revendicateurs. Nous avons aussi été porteurs de solutions. Qu’est-ce que nous demandons à nos autorités ? C’est de rétablir le plus vite que possible cette équivalence qui permettra aux étudiants. Pour que s’ils quittent chez nous avec le niveau BAC, de pouvoir accéder directement à l’université. L’année dernière, pendant que j’étais président de l’union des étudiants guinéens d’Egypte et même temps vice-président de la League générale des étudiants africains, nous avons reçu 23 étudiants. Lorsque nous avons proposé à notre ambassade de nous accompagner avec des lettres pour que ces étudiants-là puissent accéder à l’université, ils l’ont fait, et ceux-ci ont pu finalement accéder à l’université. Cette année il n’y a pas eu plus de 5 personnes qui n’ont pas accédé à l’université. C’est pour vous dire que ce n’est pas une question de niveau. Une simple lettre de notre ambassade a suffi pour débloquer la situation tel n’était pas le cas chez les anciens.

Le second point, que ce soit l’ambassade ou le SNABE, dans leurs interventions, ils sont allés jusqu’à dire que tout étudiant qui vient et qu’il y a été orienté pour faire telle filière, s’il ne suit plus cela, qu’il ne soit plus reconnu comme boursier. Moi, avec mon niveau de responsabilité je peux être d’accord. Mais au même moment, les autorités qui veulent jouer la transparence, le développement de notre pays ne doit pas se permettre à payer des étudiants qui ne sont mêmes pas parfois sur le sol égyptien. Je le dis en connaissance de cause et j’ai mes preuves. J’estime qu’au moment où une autorité se permet d’ignorer un bureau exécutif qui est la courroie de transmission entre cette autorité et les étudiants, elle se permet d’appeler les étudiants pour leur dire de venir prendre leur argent, c’est qu’on n’est plus dans le bon cadre du bon fonctionnement de l’administration.

Un étudiant qui a abandonné ses études mais qui a des relations à travers lesquelles il use pour prendre sa bourse dans la tranquillité, comparé cela à un étudiant qui est venu dans une institution et a trouvé que le système n’était pas adapté, ce n’est pas pareil. Parce que c’est ici qu’on va voir un boursier vient pour faire l’anglais, mais que la grande partie du cours soit expliquée en arabe. Maintenant, si un étudiant conscient décide dans ce cas d’aller s’inscrire dans une université privée avec les moyens que l’Etat a mis à sa disposition, d’ailleurs il est obligé d’ajouter d’autres frais afin qu’il puisse faire ses études. Je précise qu’ici, (Egypte) le master c’est 4 ans sauf avec les universités internationales qui sont là et qui respectent le système LMD (Licence-Master-Doctorat). Sinon en Egypte, le master c’est 4 ans et ça, c’est si tu es courageux. Il y en a qui ont fait 6 voire même 7 ans. Je pense que vouloir traiter un problème en le généralisant c’est déjà raté.

Nous reprochons au SNABE le manque de transparence dans sa gestion. En effet, depuis le premier paiement, nous avions reçu une lettre provenant de l’ambassade de venir prendre les 7 (sept) mois c’est-à-dire les compléments de bourse et les primes de vacances. Mais une fois à l’ambassade, les autorités de là-bas nous disent que c’est les 7 mois qui sont disponibles. Nous leur avons dit, comme il y a une contradiction entre ce qu’ils nous ont dit dans la lettre, de nous laisser se concerter. A l’issue de notre concertation, les étudiants présents ont décidé à l’unanimité de s’abstenir de prendre cet argent. On a quitté les lieux.

Trois jours plus tard, le chargé d’affaires à l’ambassade m’a appelé pour me supplier de prendre cet argent. Je lui ai dit que la décision ne me revenait pas avant d’avoir l’avis des étudiants. J’ai appelé à une assemblée générale extraordinaire mais à l’unanimité, les étudiants ont rejeté la demande du chargé d’affaires.

Après cela, qu’est-ce que les agents de l’ambassade ont fait ? C’est d’appeler individuellement les étudiants et leur demander de venir prendre les compléments de bourse sans les primes de vacances. C’est ainsi que certains étudiants ont accepté en allant prendre leur bourse sans papiers justificatifs. Et quand j’ai convoqué une autre assemblée, la salle était vide. Parce que certains étudiants avaient déjà pris leur agent et ils ne se sentaient plus concernés par notre cause commune. J’estime que pour une autorité responsable et réfléchie, c’est des agissements qu’il ne faut pas faire. Semer la division au sein de l’union des étudiants. A la fête de tabaski, le chargé d’affaires a fait une vidéo dans laquelle il explique que si des étudiants sont allés récupérer leur argent c’est parce qu’ils avaient leurs noms sur la liste. Ceci est un dérapage administratif.

C’est à cause de toutes cette magouille au niveau des représentations diplomatiques que le directeur général du SNABE a annoncé une restructuration du service. N’est-ce pas un acte à saluer ?

C’est un enchainement j’estime. Car cette fois-ci encore, le SNABE a laissé un communiqué annonçant qu’ils ont viré les (7) sept mois dans les ambassades respectives. Ça s’est passé cette année 2023. Nous sommes partis pour prendre cet argent, mais à la surprise générale on nous dit que c’est quatre (4) mois qui sont venus. Pourquoi toute cette contradiction ? D’une année à une autre le SNABE annonce 7 mois, mais l’ambassade nous parle de 4. Où est la vérité ? L’année passée encore c’était comme ça avec les primes de vacances.  Le pire dans tout ça, toutes les ambassades guinéennes où la Guinée a des boursiers, ils ont reçu leurs primes de vacances, sauf l’Egypte, nous sommes au courant de tout mais pourquoi nous étudiants guinéens d’Egypte nous n’arrivons pas à recevoir nos primes de vacances ? Ce qui est grave dans tout ça, c’est que le SNABE et l’ambassade sont là à se rejeter la responsabilité. Le chargé d’affaires dit que c’est au niveau du SNABE, le directeur accuse les ambassades, qui faut-il croire ? Il y a souvent du deux poids deux mesures lorsqu’il s’agit des étudiants de l’Egypte.

Que demandez-vous aux autorités très concrètement ?

Pour finir, au nom de la transparence, nous ne sommes pas contre que les vrais étudiants perçoivent leurs bourses. Mais nous proposons à ce que le directeur du SNABE instruise les ambassades de mettre les listes générales des étudiants de chaque pays aux étudiants également.

Pour le cas Egypte, il faudrait rétablir le plus vite que possible cette problématique d’équivalence. En plus, arrêter de payer des étudiants qui ne sont mêmes pas parfois sur le territoire d’étude. Aussi, lorsqu’un étudiant est omis, il faudrait qu’il y ait des justificatifs, des preuves de son omission, après cela, il faudrait que le bureau de l’union des étudiants guinéens d’Egypte soit associé à l’expédition de cet argent qu’on appelle dans les caisses de l’Etat. Il faut envoyer les billets de retour pour tous ceux qui ont fini ou tous ceux dont on estime avoir été omis. Si quelqu’un a fini ses études, ce qui le prouve, c’est le billet de retour que l’Etat va lui envoyer.

Bref, nous invitons nos autorités, qu’elles soient de l’Ambassade ou du SNABE de faire la transparence à tous les niveaux. On ne peut parler de cette transparence sans qu’on ait la liste générale des étudiants. Parce qu’il faut savoir, les autorités profitent des étudiants décédés, déplacés ou ceux qui ne sont pas en classe et n’ayant pas de relation. C’est l’argent de ces étudiants qui nous empêchent de mettre la liste générale des étudiants à notre disposition. Ils savent, si cette liste est transmise, ici, entre étudiants nous nous connaissons.

Qui profite de l’argent des étudiants décédés ?

Je dirais que les deux autorités (l’ambassade et le SNABE) pourquoi ? Parce que dans la gestion des bourses, c’est l’ambassade qui reçoit les directives du SNABE. Si le SNABE n’instruit pas à l’ambassade de mettre la liste générale à la disposition des étudiants, il y a nuance.

Siddy Koundara Diallo

Africaguinee