Pour tout apprentissage, le maître et l’apprenant doivent chercher à maîtriser les 4 facteurs fondamentaux qui sont :
– L’attention ;
– l’engagement actif ;
– le retour sur erreur ;
– la consolidation.
Le rôle de l’enseignant désirant favoriser chez ses élèves l’apprentissage autonome prend trois aspects :
– Relation enseignant-élève ;
– Enseignement et exemple d’habiletés nécessaires à l’apprentissage autonome ;
– L’environnement d’apprentissage créé par l’enseignant.
Sans ces trois aspects, l’enseignement devient toujours caduc et difficile pour cette nouvelle génération.
Les enfants qui entrent dans le système formel d’éducation sont des apprenants autonomes doués d’intuition. Il est important de créer un environnement qui contribue à la démarche d’autonomie, et leur permettre d’accepter consciemment la responsabilité de leur propre apprentissage et de prendre des décisions dans ce domaine. L’enseignant joue un rôle important à ce niveau, en offrant aux élèves un environnement propice qui encourage la motivation, la confiance en soi, la curiosité et le désir d’apprendre. L’apprentissage autonome sera favorisé par un climat souple, sensible et ouvert aux besoins des élèves.
1- Généralisation de l’enseignement autonome :
L’atmosphère, l’environnement et les structures même de l’école doivent encourager l’apprentissage autonome. Les enseignants, le personnel de direction et autre doivent montrer par leur exemple des attitudes d’apprentissage autonome. Cette démarche éducative créée le contexte à l’intérieur duquel les élèves peuvent prendre de plus en plus la responsabilité de leur propre apprentissage. Reprendre seul ou entre amis sans forcément bénéficier l’aide de l’enseignant.
2- Les habiletés nécessaires à un apprentissage autonome :
Comme pour les autres apprentissages essentiels communs, il est important de noter que telles habiletés ne devraient pas être enseignées seules, mais plutôt être développées dans chacune des matières enseignées en classe. Il est nécessaire que les enseignants créent un environnement attractif dans lequel leurs élèves se sentiront libres de devenir des apprenants autonomes pour la vie.
3- Donner l’exemple des habiletés d’apprentissage et les mettre en pratique :
La conséquence logique d’avoir appris et mis en pratique une tâche est l’autonomie qui en résulte lorsqu’il s’agit de l’accomplir. Les élèves apprennent par des activités qui facilitent la transition vers l’autonomie, grâce à l’exemple, la démonstration et l’instruction directe des habiletés d’apprentissage. L’enseignant leur donne ensuite l’occasion de mettre en pratique les habiletés qu’ils ont apprises, et contrôle leurs progrès. Il est également important à ce stade de partager avec les élèves ce qui est en train d’être accompli et la raison pour laquelle l’activité en question est utile. L’objectif est que les élèves finissent par prendre leurs propres décisions, faire le rapport entre ce qu’ils ont appris et ce qu’ils savaient déjà, passer des jugements et faire des déductions, appliquer de nouvelles idées et trouver du plaisir à apprendre.
4- Ce qui suit serait un bon exemple de cette démarche d’apprentissage :
Les élèves commencent un projet de classe sur l’organisation du temps en même temps qu’un devoir. L’enseignant et les élèves font le devoir ensemble.
L’enseignant pense tout haut et décrit ce qu’il faut savoir dans le domaine de l’organisation du temps; les élèves apprennent donc en même temps ce qu’il faut savoir et la raison pour laquelle il est important de le savoir. Puis l’enseignant aide les élèves de la même manière pour un autre devoir. On répète l’activité jusqu’à ce que chaque élève puisse l’accomplir sans aide de l’enseignant, puis finisse par prendre en charge toute la démarche seul. Il est important de rappeler aux élèves qu’il existe toujours plusieurs solutions à un problème tel que l’organisation du temps, et de les encourager à chercher les solution les meilleures pour eux. Il est également important de faire suivre l’exercice d’une discussion des adaptations personnelles de chacun au problème qui était posé.
5- Transférer les responsabilités de l’enseignant à l’élève :
Ce n’est pas par hasard que le sens de l’autonomie se développe chez une personne, mais par un effort concerté. L’aspect habileté de l’autonomie comprend quatre étapes :
Montrer aux élèves comment faire ;
Leur permettre de mettre en pratique ce qu’ils ont appris ;
Leur faire structurer des activités ;
Leur faire utiliser ces activités de manière autonome.
Le déroulement de cette séquence dépend de l’âge et de l’expérience préalable de l’élève, du niveau de la tâche à accomplir et de l’attitude à la fois de l’élève et de l’enseignant. Le transfert de la responsabilité de la prise de décisions de l’enseignant à l’élève est un élément clé du rôle de l’enseignant, si celui-ci veut contribuer à encourager l’apprentissage autonome ; ce transfert doit s’accomplir sans que l’enseignant ne contrôle trop la démarche de l’élève, ou qu’il ne la contrôle pas assez. L’attitude positive de l’enseignant vis-à-vis de l’apprentissage autonome et une bonne connaissance des besoins, des intérêts et des capacités de chacun de ses élèves amélioreront encore les résultats obtenus. Ce transfert de contrôle est crucial; il conduit les élèves à découvrir comment leurs efforts peuvent affecter leur apprentissage. Ils s’habituent donc à contrôler la démarche d’apprentissage et en retirent une plus grande motivation à apprendre.
6- Chercher à maîtriser le cycle d’apprentissage de ses élèves :
L’autonomie est un état relatif. C’est pourquoi cette étape est primordiale.
L’apprentissage autonome est une démarche cyclique selon laquelle les élèves acquièrent une habileté à un certain niveau, puis utilisent cette habileté pour en acquérir d’autres; le cycle se répète de nombreuses fois. Cette démarche est liée au niveau de développement de l’élève, au matériel utilisé et à la transition effective de l’apprentissage d’une habileté à l’utilisation de cette habileté pour en acquérir d’autres.
Les enseignants sont impliqués dans la démarche d’apprentissage, et à ce titre il est important qu’ils connaissent bien leurs élèves. Ils ont besoin d’observer les démarches d’apprentissage de leurs élèves et d’y réfléchir. Ils doivent prévoir les difficultés que les élèves vont rencontrer et offrir leur soutien et encouragement lorsqu’il est nécessaire, s’ils veulent que leurs élèves deviennent autonomes.
7- Connaître ses élèves :
Les enseignants doivent apprendre à bien connaître les forces et les faiblesses de leurs élèves, tant au niveau social qu’émotionnel, intellectuel et physique. Ils doivent savoir ce qui rend chacun d’entre eux différent, connaître des détails sur leur santé, connaître leur milieu culturel et parfois même leur condition de vie. Les élèves sont motivés lorsqu’ils savent qu’ils peuvent contrôler leur propre apprentissage. Cette motivation est accrue par un apprentissage basé sur les intérêts et les besoins des élèves, qui n’en seront que plus enthousiastes. Pour que l’apprentissage autonome puisse se faire, il faut que l’enseignement soit organisé de manière à faire prendre les décisions par les élèves, y compris en ce qui concerne les devoirs, les sujets, les démarches de groupe et l’organisation temporelle de l’année scolaire.
8- Utiliser des techniques pédagogiques qui font entrer en ligne de compte la collaboration :
L’apprentissage autonome ne se fait pas seul ; il a une composante coopérative, que ce soit en petits groupes ou avec la classe toute entière. Les élèves sélectionnent parmi une variété de situations, de ressources et de styles qui répondent à leurs besoins et à leurs intérêts. Le rôle de l’enseignant est de faciliter l’apprentissage de nombreuses manières, appropriées à l’âge des élèves et au sujet traité, reliées aux ressources disponibles et aux besoins des élèves, en faisant maintenir un bon équilibre entre expérience structurée et autonomie.
Voici dix (10) approches pédagogiques qui facilitent l’apprentissage autonome :
• Pensée divergente
• Schématisation de concepts
• Journal intime
• Centres d’apprentissage
• Enquête
• Recherche autonome
• Apprentissage basé sur les ressources
• Groupes d’apprentissages coopératifs
• Devoirs individuels
• Réunions enseignant-élève
9- Variation des techniques d’apprentissage :
L’enseignant peut également varier les cadres de travail dans les sujets, les devoirs, les horaires, la profondeur de l’analyse et les démarches de groupe. Toutes ces variations doivent également prévoir l’apprentissage des habiletés d’étude, ainsi que laisser une certaine place à l’évaluation par l’élève de son propre apprentissage.
10- Offrir aux élèves soutien et encouragement :
Devenir autonome est une démarche continue qui prend du temps et de la patience, et pour laquelle on a besoin d’encouragement et parfois des félicitations. Les élèves le deviennent un peu plus chaque jour. La responsabilité incombe à l’éducateur de stimuler cette démarche d’apprentissage.
En résumé, le rôle de l’enseignant doit être celui d’un facilitateur plein de patience et de courage. Il doit leur montrer comment apprendre de manière autonome, les encourager, leur faire part de ses commentaires et suggestions et les soutenir dans leur effort. Ce rôle est crucial et permet d’offrir un environnement qui favorise l’apprentissage autonome et motive les élèves. Il est prouvé par des nombreux chercheurs que la méthodologie d’apprentissage autonome est l’une des meilleures stratégies dans le cadre de la transmission du savoir.
Alpha Mamadou Tolo Bah