Ce drame s’est produit dans la nuit du mercredi 6 au jeudi 7 juillet 2022, à Samatara, précisément dans le secteur Tamalassy, dans la commune de Dubreka. Il s’agit de Tamba KAMANO, mécanicien, marié à une femme et père de deux enfants qui se serait donné la mort par pendaison. Selon les témoins, le monsieur se serait suicidé pour deux raisons. Premièrement, parce que son premier fils aurait échoué au BEPC. Et deuxièmement parce que ces derniers temps il disait qu’il serait fatigué d’endurer les coups [coûts] de la vie.
Dans son témoignage, Michel KAMANO, Président de la communauté Kissienne de la Casse, dira que c’est ce matin qu’il a été informé par un membre de sa communauté.
« Quand je suis arrivé, les explications qu’on m’a données qu’après la proclamation des résultats du BEPC, son enfant n’a pas été admis. Vu la souffrance, les difficultés qu’il endure pour les études de son enfant, et que ce dernier fasse le BEPC deux fois sans sans succès, que lui il n’a plus tellement d’espoir. Donc la nuit d’hier, il s’est donné lui-même la mort, en se pendant. Il n’a laissé aucune note. C’est un mécanicien, il n’est pas allé à l’école. Aussi,qu’il disait la semaine là, qu’il n’arrive pas à gagner la dépense. Et s’il fournit des efforts et que son enfant n’est pas admis, ça lui fait mal. Donc c’est tout ce qu’on a reçu comme explication », a-t-il expliqué.
Encore sous le choc, sa femme, Moussou KAMANO, a relaté les faits en ces termes: « Hier matin, quand je suis revenue du marché, je l’ai trouvé en train de pourchasser son fils avec un bâton dans la cour. C’est ainsi que je lui ai dit, Kamano qu’est-ce qui ne va pas encore aujourd’hui. Arrête de courir derrière l’enfant comme ça. Il m’a répondu que si l’enfant ne partait pas chercher son vrai résultat qu’il n’allait pas rentrer dans la cour . Je lui ai dit de se calmer, que ce n’est pas notre fils seulement qui a échoué au BEPC. Plutôt il faut te calmer, on le console, peut-être l’année prochaine il aura son brevet. Il m’a dit de le laisser, que c’est moi qui suis en train de supporter mon enfant. C’est ainsi je suis allée voir un voisin. Je lui ai dit de venir aujourd’hui encore, monsieur Kamano a commencé . Quand mes voisins lui ont demandé ce qui n’allait pas, il leur a dit qu’il préférerait mourir sous prétexte qu’il ne travaille pas. Ceux-ci lui ont prodigué des conseils avant de partir. Et j’ai dit à l’enfant de partir. Quand ils sont partis, il est rentré à la maison, il a fait sortir tous les habits de l’enfant, il les a brûlés. Je l’ai laissé dans la cour, je suis partie dans mon champ[…] La nuit tombée, il m’a trouvé à la maison, il m’a dit de lui donner de l’argent, qu’il va aller prendre de l’alcool. Je lui ai dit que je n’ai pas d’argent. Il m’a dit que même si moi je ne lui donne pas de l’argent, il pourra en trouver. C’est ainsi qu’il est parti. Il est revenu à 22 heures sous la pluie, je lui ai servi du riz mais il a refusé de manger. Je lui ai dit de rentrer se coucher, il m’a dit qu’il n’est pas encore prêt à rentrer. Plus de 3 fois je sortais lui dire de rentrer mais il n’a pas voulu. Comme il a l’habitude de veiller dehors jusqu’à 2 heures, parfois il dort sur la terrasse jusqu’à 6 heures du matin, c’est ainsi moi je suis rentrée me coucher. Et ce matin, j’ai une fille, une protégée qui est sortie pour aller dans les toilettes. C’est elle qui l’a trouvé suspendu à une corde. Et elle est revenue en courant. Elle a dit maman viens voir papa, il est suspendu dans la douche. Je n’ai pas eu le courage d’aller le voir seule. Alors j’ai appelé les voisins, on est partis ensemble. Il était suspendu à une corde. Moi je ne savais pas qu’il avait profité de l’obscurité qui est dans la cour pour se faire du mal. La corde était dans le garage. C’est sur cette corde que je suspendais les habits pour les sécher pendant la saison des pluies. C’est ce qui s’est passé. »
Quant à Prosper KAMANO, son fils qui a échoué au BEPC, il est d’abord revenu sur la manière dont il a pris le décès de son papa, avant de promettre qu’il fera tout pour avoir son BEPC. « Après la proclamation des résultats du BEPC, je suis venu à la maison très découragé. J’ai trouvé mon papa, il m’a demandé quelle était ma position. Je lui ai dit que je n’ai pas eu, je lui ai dit que cette année ça n’a pas marché encore. C’est ce qui l’a mis en colère. Il était énervé. Puisqu’il était en colère, ma maman m’a dit de quitter la maison. Donc je n’ai pas passé la nuit ici. Ce matin, je l’ai appris à l’aide d’un ami. Il m’a réveillé en sursaut. Il me dit allons chez toi il y a un petit problème là-bas. Je lui ai demandé ce qui ne va pas. Il m’a caché la situation. Arrivé à la maison, j’ai vu des gens à la porte et j’ai entendu les cris de maman en pleurant dans notre langue, disant que le papa l’a laissée. Et c’est là que j’ai su. Je suis très triste aujourd’hui. Comme c’était son souhait que je décroche le BEPC. L’année prochaine, je vais refaire le BEPC. Je vais l’honorer », a-t-il promis.
Avant que nous n’arrivions sur les lieux, les services de sécurité étaient déjà passés pour faire le constat. Ils avaient même restitué le corps à la famille pour son enterrement.
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