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Pr Kabiné OULARE, Secrétaire exécutif de l’ANAQ: «Notre pays s’est engagé à faire de l’éducation une priorité» (Interview)

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Depuis sa création en 2017, l’Autorité nationale d’assurance qualité
(ANAQ) a évalué 183 programmes de formations dont 79 accrédités et a
habilité 11 institutions d’enseignement supérieur à délivrer 91
diplômes. Dans un entretien accordé à notre rédaction, le Secrétaire
Exécutif de l’ANAQ parle des résultats de la session d’évaluation
2020-2021. Pr Kabiné OULARE se réjouit des avancées dans ce cadre. Par
ailleurs, il annonce quelques perspectives de l’ANAQ. Lisez !

L’ANAQ a publié récemment les résultats des évaluations de la session
2020-2021. C’est quoi le contenu de ces évaluations ?

L’ANAQ est l’institution habilitée a évalué les programmes des institutions d’enseignement supérieur, de recherche et d’enseignement technique. Depuis 2017, l’ANAQ a commencé à travailler et s’est mis à la tâche pour accomplir sa mission et à procéder au recrutement des experts évaluateurs, à procéder à des formations des institutions pour les habituer à la procédure d’évaluation. Nous avons deux types d’évaluation. Il y a l’évaluation pour l’accréditation des programmes et l’évaluation pour l’habilitation des institutions. Donc à date nous avons développé trois séries d’évaluation : en 2018 ; en 2019 et 2020. Plus de 100 programmes ont été déjà évalués et nous avons les résultats qui sont visibles sur notre site.

En ce qui concerne l’évaluation des programmes cette année, dies-nous
comment ça s’est passé ?

Pour cette année, nous avons 71 programmes qui ont traversé toutes les
étapes de la procédure. Parmi les 71 qui ont été soumis à l’évaluation, 39 ont été accrédités et 16 ont été accrédités sous réserve et 16 n’ont pas obtenu leurs accréditations. Donc, c’est la situation réelle cette année.

Qu’est-ce qu’il faut pour qu’un programme soit accrédité ?

Nous avons des référentiels. Pour l’évaluation des programmes ; on a
un référentiel des programmes d’enseignement supérieur, on a un
référentiel d’évaluation des programmes d’enseignement technique et de
formation professionnelle. Nous avons un référentiel de recherche.
Donc, chaque référentiel approprié prend en compte l’entité à évaluer.
Ainsi par exemple pour le référentiel pour l’enseignement supérieur,
le référentiel compte 22 standards de qualité. Ces 22 référentiels de
qualité, le conseil scientifique en toute autonomie, en toute indépendance fixe le taux d’admission à travers un certain nombre d’atteinte de standard. Ainsi pour cette année, le conseil scientifique a décidé de mettre la barre à 13 standards à atteindre sur les 22 pour obtenir une accréditation, alors que l’année dernière c’était à 14.


Quels sont les avantages pour les institutions d’enseignement ?

Premier avantage, c’est que si on s’évalue, on se connaît, on fait le
diagnostic institutionnel, on fait le diagnostic du programme, on
identifie les forces du programme et ses faiblesses, on met en œuvre
des mesures de remédiation. Etant donné que maintenant la formation
doit aboutir à plus de compétitivité de nos diplômés, le focus sera
mis sur cet aspect très important. L’employabilité des diplômés doit
être le fond qui doit guider les promoteurs des programmes dans la
recherche de la qualité. Donc en fonction des standards de qualité qui
sont évalués chaque programme saura que pour tel standard ce n’est pas
atteint ou c’est atteint. On peut fournir des efforts ici et là. Donc en s’évaluant, on sait ce qui ne va pas et on sait ce qu’il faut améliorer. Mais lorsque vous n’évaluez pas, vous ne saurez pas votre position ; si vous êtes en train d’évoluer ou entrain de reculer.

Est-ce qu’il faut retirer les programmes non accrédités ?

Non ! Nous pensons que les programmes non accrédités peuvent être
améliorés. Parce que c’est une question d’amélioration des scores des
standards. Si vous n’avez pas atteint les 13 standards qu’il faut
cette année, si vous travaillez pour les programmes accrédités sous
réserve, en un an, ils peuvent améliorer ce score. Donc un programme
la qualité est multidimensionnelle… ce qui est qualité aujourd’hui
peut ne pas l’être demain. Par exemple, si vous avez aujourd’hui trois
étudiants sur une table banc, ce n’est pas mauvais, puise que les
étudiants ne sont pas arrêtés, mais normalement chaque étudiant c’est
une chaise une table. Donc on est toujours en quête de qualité. Vous
travaillez dans un groupe de 100 étudiants, mais l’idéal voudrait que
vous travailliez dans un groupe de 25 à 20 étudiants. On ne peut pas atteindre ces qualités d’un but à l’autre, il faut travailler tous les jours.

Quelle est la durée d’un programme accrédité ?

Les programmes sont accrédités pour 5 ans. D’après nos manuels de
procédure, au cours de ces 5 ans, vous devez continuer à améliorer
votre programme en procédant à des autoévaluations. Chaque deux ans
vous devez revoir un ou des aspects du programme ; voir est ce que
vous êtes en train de reculer ou avancer. D’après le manuel, si vous
ne travaillez pas à maintenir la qualité, on peut vous retirez l’accréditation.

Est-ce qu’il n’y aura pas de psychose chez l’étudiant qui a appris son
programme pas accrédités ?

C’est vrai que ça peut provoquer un malaise, mais c’est justement aux
encadreurs de travailler à ce que cela n’arrive pas, parce que le programme s’il est accrédité, il est rassurant. Ça ne veut pas dire un programme accrédité va donner tout de suite un emploi, non. Mais ça vous donne plus de chance dans la compétition. Parce que lorsque le programme est accrédité, il est reconnu ici et à l’échelle internationale. L’autre type d’évaluation, c’est l’habilitation à délivrer les diplômes.

Combien ont-t-ils reçu l’approbation de l’ANAQ cette année ?

Il y a eu 9 institutions habilitées cette année.


Est-ce une exigence de candidater à l’ANAQ ?

C’est une obligation de candidater parce que notre pays à ratifier avant même la création de l’ANAQ la convention d’Addis-Abeba en 2014. Cette convention c’est une convention de l’Union africaine qui oblige tous les Etats africains à la reconnaissance des diplômes émis dans les Etats. Et la première condition de reconnaissance de diplôme de cette convention, c’est que les institutions d’enseignement supérieur doivent être habilitées et les programmes doivent être accrédités. Ça c’était même avant l’ANAQ, qui a été créée en 2017. Entre temps, le parlement guinéen avait voté la convention et le président de la République a ratifié et a envoyé les instruments au niveau de l’UNESCO. Ce qui fait que nous avons ratifié une convention internationale qui nous oblige à évaluer nos institutions pour leur habilitation et évalué les programmes pour leur accréditation.  Donc c’est une obligation.

Cette année, comparativement aux années précédentes, que ce soit au
niveau de l’accréditation ou au niveau de l’habilitation, quelle
lecture en faites-vous ?

Par rapport à notre cœur de métier ; les évaluations, notre procédure s’améliore tous les jours. Cette année, nous avons eu la particularité de faire l’évaluation institutionnelle. Les deux précédentes sessions c’étaient les évaluations des programmes. Donc ça été une des particularités. Nous améliorons nos procédures, nos méthodes, nous nous perfectionnons au fur et à mesure. Comme on est dans la dynamique qualité, nous améliorons notre façon de faire afin de faciliter le travail que nous avons à faire… Nous avons décidé de dématérialiser notre système d’évaluation. Donc cette année on n’a pas utilisé un brin de papier dans tout le processus ? C’est sur une plateforme, les institutions vont candidater, c’est sur la plateforme qu’on valide la candidature. Et c’est sur la plateforme que les experts viennent trouver les documents à exploiter. Donc ce sont les deux particularités cette année…

Quelles sont les perspectives dans le cadre de votre extinction ?

Premièrement, nous voulons organiser des olympiades universitaires. Ce sont des rencontres, des compétitions entre les étudiants à tous les niveaux ; licence, master et doctorat de toutes les institutions publiques et privées pour amener la compétition au sein des jeunes, afin qu’ils puissent s’approprier des idées de qualité, les compétences doivent être mises à nu et à encourager… Conformément à ce qui se passe au niveau du CAMES, qui organise ses compétitions au niveau de la sous-région, malheureusement la Guinée n’y participe pas.

Est-ce que l’ANAQ s’autoévalue ?

L’ANAQ est un organisme d’évaluation. Nous sommes également soumis à une évaluation de l’Union africaine dans le cadre d’un projet d’harmonisation de l’enseignement supérieur au niveau de l’Afrique. C’est un projet qui est soutenu par l’Union européenne et l’union africaine et nous avons candidaté comme structure naissante d’évaluation pour participer à cette évaluation. Nous avons élaboré notre rapport d’autoévaluation et bientôt au courant de ce mois, au début du mois de février, des experts internationaux viendront nous rendre visite, il y aura deux experts africains et un européen qui viendront  pour l’évaluation de l’ANAQ. Ça nous permettra nous-même de nous améliorer. Donc on est dans la dynamique d’évaluation, on accepte d’être évalué par des organismes supérieurs.

Vous collaborez avec d’autres organismes ?

L’une des missions de l’ANAQ c’est de favoriser le partenariat avec les organismes qui font les mêmes choses ; l’évaluation. Dans ce cadre nous avons un partenariat avec le Sénégal, le Maroc et tout récemment avec la Mauritanie et bientôt avec la Gambie et le Mali. Aussi nous adhérons à des réseaux d’assurance qualité. Donc à cet titre nous travaillons avec le réseau francophone FRAQSUT c’est un réseau francophone des agences d’assurance qualité de niveau mondial, parce que ça compte le Canada, la Suisse, la France, la Guinée, le Sénégal, le Maroc. Egalement nous sommes dans le réseau africain des agences francophones d’assurance qualité le RAFANAQ, la Guinée est trésorière de ce réseau. Et nous travaillons à mettre en place d’autres structures similaires pour encourager les autres Etats qui n’ont pas les agences d’assurance qualité à travailler dans ce sens, parce que les agences ont l’avantage d’avoir l’indépendance et l’autonomie nécessaire pour mener à bien le travail d’évaluation.

Votre message

Notre pays s’est engagé à faire de l’éducation une priorité. Donc, tous les acteurs du système doivent se remettre en cause et travailler à ce que nos diplômés puissent avoir les reconnaissances nécessaires. C’est un peu l’enjeu de la qualité. Si les diplômés sont reconnus à l’échelle nationale et à l’internationale, ça facilite leur employabilité et pour cela il n’y a pas autre chemin que de passer par les évaluations que l’ANAQ propose. Donc, notre pays s’est doté cet outil c’est à tout le monde de s’impliquer pour pouvoir aller rapidement vers la régulation de la situation d’existence même des
établissements. Parce que nous avons ratifié une convention qui dit clairement que les institutions doivent être habilitées et que les programmes doivent êtres accrédités. Donc l’habilitation des programmes et l’accréditation des programmes c’est une nécessité et que chacun doit s’y mettre pour pouvoir donner plus de chance à nos diplômés sur le marché de l’emploi. Je souhaite à tous les acteurs, bonne et heureuse année ! Et l’ANAQ est disposée à se rendre partout où besoin se fera. Nous avons lancé la caravane de la qualité la fois dernière à l’Université Koffi Annan, nous prendrons notre bâton de pèlerin et nous sillonnerons tous les établissements pour expliquer, vulgariser la démarche qualité afin que tous les acteurs que ce soit les étudiants, les enseignants, les autorités universitaires puissent tous s’engager sur cette voie. Parce que la qualité a un coût, ce n’est pas facile, mais c’est ce qu’il nous faut pour nous en sortir. Donc l’ANAQ sera là prête à accompagner les établissements dans ce
sens-là.

Interview réalisé par SOW Telico et Sadjo DIALLO

Tel:00224 622 98 10 01