Sur invitation de l’Association BATOUALA, l’Institut Itinérant de Formation et de Prévention Intégrées Contre la Drogue et Autres Conduites Addictives (IIFPIDCA) a organisé, ce Samedi 31 Mai 2025 une séance de sensibilisation au quartier Fili, dans la Préfecture de Coyah, sous la Coordination du Dr Soumahila BAYO, Directeur Général Adjoint Chargé de la Formation à l’IIFPIDCA et sous le leadership de Docteur Thierno BAH, Directeur Général de l’Institut. Une activité qui vise à informer les jeunes consommateurs sur les dangers du Tabac tout en les incitant à s’engager activement dans la lutte contre cette substance nocive. À travers des échanges directs, des témoignages et des conseils pratiques, notre équipe a rappelé les conséquences sanitaires, sociales et économiques du Tabagisme.

Le Directeur Général Chargé de la Formation fait le point sur les statistiques dans le monde et en Guinée.


« Aujourd’hui, c’est le 31 mai, donc par conséquent, à l’instar des autres pays de l’Afrique, la Guinée aussi célèbre la journée mondiale sans tabac.
Et pour célébrer cette activité, notre institut a cru devoir de l’organiser au niveau de la commune urbaine de Coyah, en raison de plusieurs facteurs.
La première des choses, la consommation de tabac est un problème de santé publique aujourd’hui dans le monde, y compris la Guinée. Dans le monde, chaque année, près de 8 millions de personnes décèdent par cause de la consommation de tabac.
En Guinée, dernièrement, nous avons fait une étude au niveau du secondaire, nous avons vu que près de 13% des élèves consomment le tabac. Ce qui signifie que lorsqu’on fait une extrapolation au niveau de la population globale de la Guinée, il va s’en dire que l’effectif des consommateurs de tabac est très élevé. Donc aujourd’hui, nous avons profité de cette opportunité pour informer la population sur les effets nocifs de la consommation du tabac », a déclaré Docteur BAYO, avant d’énumérer un certain nombre de conséquences.
« Le tabac cause énormément de dangers sur la santé des hommes, de la société et y compris chacun de nous individuellement. Donc par conséquent, le tabac est à l’origine des maladies cardiovasculaires.
Le tabac cause la plupart des problèmes liés à la fertilité. Le tabac est à l’origine de beaucoup de maladies liées à l’hypertension. Et le tabac est à l’origine aujourd’hui de beaucoup de cancers.
Chez les femmes par exemple, le tabac provoque le cancer du col de l’utérus. Donc, nous avons jugé nécessaire de faire passer le message, de conscientiser la population, de participer à l’engagement collectif de la population afin que les gens comprennent la dangerosité de consommer le tabac. Parce que le tabac est une substance très très nocive, parce que le tabac contient ce qu’on appelle la nicotine.
La nicotine crée beaucoup la dépendance chez les consommateurs de tabac. Le tabac contient du goudron qui est très nocif pour le bon fonctionnement des poumons. Le tabac regorge également du monoxyde de carbone qui ne permet pas au sang d’oxygéner. Donc voici des conséquences sur la santé humaine qui nécessite une sensibilisation au niveau de la communauté », a-t-il martelé.
Il a également parlé d’autres substances liées au Tabac.



« En dehors du tabac, il y a d’autres substances. Parce que le tabac sert par exemple à la fabrication de substances telles que la chicha, tel que le cannabis.
Le cannabis, c’est la base du tabac. Aujourd’hui, les cigarettes électroniques, il ne faut pas les oublier, avec l’utilisation surtout des arômes. Aujourd’hui, les industries de tabac utilisent ces arômes pour amener plus de jeunes à consommer.
Dans le monde aujourd’hui, on a identifié plus de 16 000 arômes. Et les arômes ont des goûts très appréciables qui font que de plus en plus, les jeunes sont enclins à consommer la cigarette. À travers essentiellement la publicité, à travers la promotion. Parce que ce sont des industries qui ont assez de moyens et qui mettent sur le marché des substances avec des emballages très attrayants, très flamboyants. Donc ça fait que la jeunesse est prise en tenaille et par conséquent, il est difficile pour elle de se départir de la consommation du tabac une fois consommée parce que la nicotine crée la dépendance », a-t-il souligné.


Pratiquement, c’est la population de Coyah à travers l’Association BATOUALA qui a invité l’Institut à organiser cette activité. Donc depuis plus d’une année, cette Association est derrière nous.
M. Amadou Ahidjo DIALLO, Enseignant-Chercheur à l’Université Générale Lansana CONTE de Sonfonia et Coordinateur de l’Association BATOUALA est revenu sur le choix de Coyah et l’importance de cette sensibilisation.


« D’abord, l’idée est venue de Docteur Soumahila Bayo, qui est un collègue de service, de prendre une journée à Coyah pour sensibiliser la jeunesse contre les effets du tabac. Nous avons profité de cela pour organiser une journée de sensibilisation ce 31 mai 2025. Notre association, en partenariat avec l’Institut Itinérant, qui nous a appuyés en nous donnant des moyens pour réaliser cette activité. Donc, si aujourd’hui, nous sommes Coyah, c’est en prélude de la journée internationale sans tabac d’abord. Mais qui parle du tabac, parle forcément de drogue. C’est du tabac, on aboutit à la drogue.
Le tabac va conduire les jeunes à prendre de la drogue, et la drogue va les amener à des conséquences qu’on ne peut plus maîtriser. Donc, nous nous sommes dits, en tant qu’association, que nous pouvons, au lieu que l’Etat nous demande qu’est-ce que vous voulez faire, c’est à nous de venir vers l’Etat en appuyant les structures à la base, c’est-à-dire la collectivité, la commune, la préfecture de Coyah, en faisant des journées de sensibilisation. Et à part cela, l’Etat pourra penser à des jeunes associations comme nous à Coyah, pour mettre des dispositifs à notre actif, pour pouvoir réaliser des journées.
Pas aujourd’hui seulement, nous voulons que ces journées-là continuent toujours, et que les associations nous rejoignent en général. Ce que nous organisons comme ça, c’est à l’actif de toute la population de Coyah », a fait savoir Amadou Ahidjo DIALLO par ailleurs, Coordinateur de l’Association BATOUALA.
Monsieur DIALLO a également la stratégie adoptée par sa structure pour être plus proches de bon nombre de consommateurs de la drogue sans qu’il n’y ait de forcing.


« Nous sommes en rapport direct avec les services antidrogue, la sécurité, la gendarmerie, la brigade de recherche, mais nous, on ne fait pas appel à la gendarmerie pour venir chercher un consommateur de drogue. Nous-mêmes, parce que nous vivons avec eux, dans le même quartier, ils sont avec nous, dans la même famille. Ce sont nos frères, ce sont nos enfants, qui sortent des maisons pour aller consommer de la drogue.
Donc pour moi, il est plus facile de maîtriser son enfant, que l’Etat ne le fasse à sa place. Donc c’est cette stratégie qu’on a montée. On fait ce qu’on appelle des campagnes de surveillance, nocturnes même, en tant que jeunes.
Et peut-être, après cette journée aujourd’hui, ces jeunes-là pourront prendre conscience.
Parce que pas plus que la nuit du jeudi, nous sommes venus les rencontrer dans leur lieu de consommation. Ces jeunes que vous voyez devant vous, ils m’ont promis, Monsieur, le 31 mai, « Mou Yembè Min Ma » qui veut dire, « on ne va pas consommer de la drogue le 31 mai ». Vous ne verrez aucun fumeur depuis hier à 20h. C’est parce qu’ils ont promis. Donc, je me rends compte que c’est un problème de décision. Une fois que ces jeunes-là décident de sortir de là, ils sont capables d’abandonner », a-t-il témoigné.
Médecin Généraliste à l’hôpital Préfectoral de Coyah, Docteur Sékou CISSE a salué l’initiative qui selon lui aide beaucoup les soignants. Il a sollicité à ce que ces genres de conférences débats soient élargis dans les quartiers et au niveau des autres préfectures du pays.


« Franchement je suis content parce que ça aide tous les soignants. Je suis content de cette organisation. Si on multipliait ces pareilles organisations, vraiment ça va réduire le taux de toxicomanes à Coyah parce qu’on souffre avec les gens qui prennent la drogue Kush, on souffre avec les gens qui se droguent. Il y’a d’accidents qui surviennent suite à l’abus de l’alcool ou la drogue. Nous recevons beaucoup qui font des accidents graves parfois mortels qui sont dû à la consommation de ces stupéfiants.
On encourage l’Institut à multiplier ces débats dans les différents quartiers pas seulement dans le campus mais aussi dans les autres préfectures. Nous nous sommes prêts à les soutenir et nous sommes là pour eux. Parce qu’ils nous aident comme ça à traiter sans donner de médicaments. Ce qu’ils font est plus que donner de médicaments. D’ailleurs, les médicaments viennent le plus souvent trop tard. Parce que ça trouve que soit tu as de la tuberculose, du cancer de l’utérus, du cancer de poumons ou du cancer du cœur », a expliqué Docteur Sékou CISSE.




Il faut rappeler que le Thème principal de cette année est : « Produits du tabac et à base de nicotine : démasquons les tactiques de séduction de l’industrie du tabac ».
De retour de Coyah : SOW Telico, pour Universite Actu.com